La lumière dans l'obscurité
Posted: 27 Sep 2019, 21:22
[hrp] à écouter en lisant: https://soundcloud.com/mmomusic/lineage ... /lineage-2[/hrp]
Encapuchonnée, elle était recroquevillée contre un arbre et griffonnait quelque chose sur un carnet usé et écorné. De temps à autre, elle levait la tête, les yeux perdus dans le vague…
Ces yeux d’un bleu si pâle maintenant, des yeux qui semblaient avoir vu tant de choses, allaient et venaient de long en large sur la page, suivant avec rapidité la pointe qui traçait des mots sans s’arrêter.
“Depuis tout ce temps seule, j’ai perdu la notion du temps qui passe. Je ne me fie plus qu’au cycle des astres célestes, qui rythment mes jours et mes nuits. Et même si la Lune passe, mon sommeil, lui, se dérobe toujours autant.
Quelques jars ont suffit pour que je puisse enfin maîtriser cette nouvelle forme de pouvoir. D’ailleurs, cela me fait étrangement penser à…”
Cette seule pensée lui suffit à ressentir cette étrange sensation. Comme si la nature autour d’elle se taisait, les arbres arrêtaient de bruisser, les oiseaux en avaient le chant coupé. Machinalement, sa main se porte vers ce long manche et sa lame en forme de quart de cercle qui ne la quitte plus. Alors que ses yeux tombent sur la page à demi calligraphiée, son poignet se remit à tracer ces lettres gauches et rapides.
“... cet Arbre que je vois tout le temps dans ma tête. Pourquoi est-ce que je le vois à chaque fois que je ferme les yeux pour m’assoupir? Il y a aussi ces paroles douces que j’entends, mais je n’arrive pas à les comprendre… Et ces yeux sombres et pourtant si brillants dans la nuit… Et ce visage familier. Oh comme cela fait si longtemps que j’ai perdu espoir de le revoir…”
Machinalement, elle porta la main à son sternum mais impossible de trouver cet anneau. Ni cette chaîne qui le retenait. Au lieu de cela, cet habit gris, sale, rien à voir avec l’armure dont elle pouvait encore sentir le poids sur ses épaules. Rien que ce tissu grossier et sans aucun artifice.
“J’ai essayé de sortir de cette forêt. Je la connais, comme si je l’avais déjà parcourue des monas sans relâche. Mais le danger est tellement grand dans mon triste état que je n’ose pas encore sortir. Impossible d’emprunter la route principale, ces voleurs et autres créatures me tomberaient dessus sans que je puisse m’en débarrasser. Je ne veux pas tomber nez à nez avec un étranger dans ces conditions…”
Elle commençait à peine à dompter ce nouveau flot de magie qui se dégageait de son corps. Tantôt protecteur, tantôt offensif, elle parvenait à contrôler tant bien que mal ses nouvelles capacités.
"Il faut que je retrouve cet arbre… il faut que je le revois une fois. Si seulement…"
Une douce lumière se mit à irradier la paume de sa main qui tenait sa pointe d’écriture, et elle serra si fort qu’elle brisa en deux le bâtonnet de charbon.
"Oh..., ça recommence…"
Elle lança un regard furtif aux alentours, pour s’assurer que personne n’avait remarqué sa présence. Elle avait ce sentiment étrange lorsqu’on a l’impression de connaître un lieu sans jamais y avoir mis les pieds. Ce sentiment de déjà vu. De déjà vécu.
D’un seul coup, elle bondit sur ses jambes frêles, faisant basculer son capuchon et révélant ses cheveux noirs et son visage mince de jars entiers de privations. En tâtant ses poches, elle sentit les pièces qu’elle épargnait depuis si longtemps pour son ticket. Se recouvrant le visage, elle saisit le manche de son arme pour la dissimuler sous sa cape. D’un pas décidé, elle se dirigea vers le palefrenier.
"Emblème, un aller… Il est temps."
“Tout ce temps perdu…” songeait-elle alors que le paysage se déroulait sous les sabots rapides de sa monture.
“Tout ce temps seule, et je peux le sentir. C’est comme une odeur dans l’air, comme une traînée que l’on hume parfois au détour d’un chemin et sur laquelle on ne sait remettre un nom. C’est comme…”
De ses deux paumes filtrait, par les mailles usées de ses gants, cette lumière chaleureuse qu’elle avait déjà vu apparaître de plus en plus souvent lors de sa solitude dans les bois près du fort Hibernien. Soudain, comme une voix qui l’appelait dans sa tête, comme une vibration palpitante entre ses deux oreilles, elle l’entendit. C’est à ce moment qu’elle arriva dans le village. Elle leva vivement la tête et ses yeux le virent enfin.
Là, majestueux, verdoyant, se balançant avec douceur au gré de la brise qui remontait la colline, l’Arbre siégeait comme veillant sur la plaine en contrebas.
Les larmes montaient à ses yeux, ses lèvres commençant à balbutier des mots qu’elle entendait toujours quelque part au fin fond de sa conscience…
Elle resserra les cordons de sa capuche, sa faux toujours dissimulée sous sa cape ample. Tout en cédant la bride du cheval au palefrenier, elle traversa le village et se mis à gravir la colline de l’Arbre…
"Sortez de votre sommeil, mes enfants, les années de l'enfance sont révolues.
Sortez de votre sommeil, enfants marqués par le destin, il n'y a plus de repos.
Levez-vous, cherchez…"
Encapuchonnée, elle était recroquevillée contre un arbre et griffonnait quelque chose sur un carnet usé et écorné. De temps à autre, elle levait la tête, les yeux perdus dans le vague…
Ces yeux d’un bleu si pâle maintenant, des yeux qui semblaient avoir vu tant de choses, allaient et venaient de long en large sur la page, suivant avec rapidité la pointe qui traçait des mots sans s’arrêter.
“Depuis tout ce temps seule, j’ai perdu la notion du temps qui passe. Je ne me fie plus qu’au cycle des astres célestes, qui rythment mes jours et mes nuits. Et même si la Lune passe, mon sommeil, lui, se dérobe toujours autant.
Quelques jars ont suffit pour que je puisse enfin maîtriser cette nouvelle forme de pouvoir. D’ailleurs, cela me fait étrangement penser à…”
Cette seule pensée lui suffit à ressentir cette étrange sensation. Comme si la nature autour d’elle se taisait, les arbres arrêtaient de bruisser, les oiseaux en avaient le chant coupé. Machinalement, sa main se porte vers ce long manche et sa lame en forme de quart de cercle qui ne la quitte plus. Alors que ses yeux tombent sur la page à demi calligraphiée, son poignet se remit à tracer ces lettres gauches et rapides.
“... cet Arbre que je vois tout le temps dans ma tête. Pourquoi est-ce que je le vois à chaque fois que je ferme les yeux pour m’assoupir? Il y a aussi ces paroles douces que j’entends, mais je n’arrive pas à les comprendre… Et ces yeux sombres et pourtant si brillants dans la nuit… Et ce visage familier. Oh comme cela fait si longtemps que j’ai perdu espoir de le revoir…”
Machinalement, elle porta la main à son sternum mais impossible de trouver cet anneau. Ni cette chaîne qui le retenait. Au lieu de cela, cet habit gris, sale, rien à voir avec l’armure dont elle pouvait encore sentir le poids sur ses épaules. Rien que ce tissu grossier et sans aucun artifice.
“J’ai essayé de sortir de cette forêt. Je la connais, comme si je l’avais déjà parcourue des monas sans relâche. Mais le danger est tellement grand dans mon triste état que je n’ose pas encore sortir. Impossible d’emprunter la route principale, ces voleurs et autres créatures me tomberaient dessus sans que je puisse m’en débarrasser. Je ne veux pas tomber nez à nez avec un étranger dans ces conditions…”
Elle commençait à peine à dompter ce nouveau flot de magie qui se dégageait de son corps. Tantôt protecteur, tantôt offensif, elle parvenait à contrôler tant bien que mal ses nouvelles capacités.
"Il faut que je retrouve cet arbre… il faut que je le revois une fois. Si seulement…"
Une douce lumière se mit à irradier la paume de sa main qui tenait sa pointe d’écriture, et elle serra si fort qu’elle brisa en deux le bâtonnet de charbon.
"Oh..., ça recommence…"
Elle lança un regard furtif aux alentours, pour s’assurer que personne n’avait remarqué sa présence. Elle avait ce sentiment étrange lorsqu’on a l’impression de connaître un lieu sans jamais y avoir mis les pieds. Ce sentiment de déjà vu. De déjà vécu.
D’un seul coup, elle bondit sur ses jambes frêles, faisant basculer son capuchon et révélant ses cheveux noirs et son visage mince de jars entiers de privations. En tâtant ses poches, elle sentit les pièces qu’elle épargnait depuis si longtemps pour son ticket. Se recouvrant le visage, elle saisit le manche de son arme pour la dissimuler sous sa cape. D’un pas décidé, elle se dirigea vers le palefrenier.
"Emblème, un aller… Il est temps."
“Tout ce temps perdu…” songeait-elle alors que le paysage se déroulait sous les sabots rapides de sa monture.
“Tout ce temps seule, et je peux le sentir. C’est comme une odeur dans l’air, comme une traînée que l’on hume parfois au détour d’un chemin et sur laquelle on ne sait remettre un nom. C’est comme…”
De ses deux paumes filtrait, par les mailles usées de ses gants, cette lumière chaleureuse qu’elle avait déjà vu apparaître de plus en plus souvent lors de sa solitude dans les bois près du fort Hibernien. Soudain, comme une voix qui l’appelait dans sa tête, comme une vibration palpitante entre ses deux oreilles, elle l’entendit. C’est à ce moment qu’elle arriva dans le village. Elle leva vivement la tête et ses yeux le virent enfin.
Là, majestueux, verdoyant, se balançant avec douceur au gré de la brise qui remontait la colline, l’Arbre siégeait comme veillant sur la plaine en contrebas.
Les larmes montaient à ses yeux, ses lèvres commençant à balbutier des mots qu’elle entendait toujours quelque part au fin fond de sa conscience…
Elle resserra les cordons de sa capuche, sa faux toujours dissimulée sous sa cape ample. Tout en cédant la bride du cheval au palefrenier, elle traversa le village et se mis à gravir la colline de l’Arbre…
"Sortez de votre sommeil, mes enfants, les années de l'enfance sont révolues.
Sortez de votre sommeil, enfants marqués par le destin, il n'y a plus de repos.
Levez-vous, cherchez…"