Les Éveillés.
Posted: 02 Sep 2006, 14:33
Les Éveillés.
Le crépuscule tombe lentement sur les terres d'Avalon, teintant les nuages d'une couleur rouge sang. Le vent agite les herbes de la plaine, soufflant de plus en plus fort. L'air a quelque chose d'orageux. Quelques minutes plus tard, un éclair zèbre le ciel au loin, fendant la voûte céleste telle l'épée d'un dieu Midgardien.
Alors que la nuit étend son emprise sur le monde, les Amtenaëliens se divertissent comme ils peuvent. A cette heure, les tavernes sont remplies. Prenez celle du Troll Unijambiste, dans la cité d'Avalon, par exemple. On n'y trouve plus une seule place assise de libre, et circuler entre les rangées relève d'une véritable gageure.
Un Celte habillé de noir manque renverser les bières qu'il porte quand un Kobold se cogne contre sa jambe, mais il parvient finalement à les ramener intactes à sa table. Il s'agit de la plus éloignée de l'entrée, située à côté d'une porte qui donne directement sur les rues de la cité. Choix stratégique s'il en est.
Le Celte se laisse tomber sur sa chaise et parcoure du regard ses compagnons. Un solide homme des plaines, une nécrite aux grands yeux noirs et une naine. Cette dernière s'empare d'une chope de bière avec une vivacité que ne laisse pas soupçonner sa corpulence.
— A moi celle-là !
Puis voyant les regards que lui jettent les autres, elle ajoute :
— Bah quoi ? J'ai soif moi ! Déjà qu'il t'en a fallu du temps pour nous les ramener, Hyn !
Le Celte hausse les épaules, ne prenant pas la peine de répondre.
— Yliana, Lywen. Servez-vous.
La petite nécrite et l'Albionnais ne se le font pas dire deux fois et s'approprient une bière avant que la naine ne puisse protester. Hyn ramène la dernière chope devant lui et s'éclaircit la gorge.
— Vous savez pourquoi nous sommes là.
Ils hochent la tête de concert. Ils ne se connaissent pas depuis longtemps, mais se sont déjà trouvé quelques points communs qui leur valent d'être rassemblés ici. Une certaine haine de l'autorité, un mépris profond pour toute forme d'ordre, qu'il soit humain ou divin, et l'envie de faire changer les choses, d'une manière ou d'une autre. Leurs différences s'effacent lorsqu'ils évoquent ce sujet.
— Jusqu'à maintenant, nos actions sont restées limitées, reprend le Celte. Coller des affiches (*), c'est bien joli, mais ça n'a pas beaucoup d'impact. Il faut aller plus loin.
— Que proposes-tu ? interroge Lywen en reprenant une gorgée de bière.
La naine le lorgne d'un air envieux alors que Hyn répond :
— Désorganiser cette mécanique bien huilée. Instiller le chaos partout où nous pouvons, jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. Ouvrir les yeux au peuple et le rallier à notre cause. Revendiquer notre liberté.
Sa voie mesurée fait mouche et les autres l'écoutent avec attention.
— L'ordre nous étouffe...
— ... nous asphyxie, continue Lywen.
— ... nous étrangle, acquiesce Yliana.
— ... nous... euh... hésite la naine. Nous empêche de vivre ! J'ai raison, hein, Hyn ?
— Exactement, Zéa, fait le Celte en lui adressant un léger sourire. Nous sommes conscients de tout cela, c'est pourquoi je propose que nous prenions comme nom les...
Hyn s'interrompt en sentant une présence derrière lui. Une main s'abat sur son épaule. Le Celte se lève et se retourne lentement. Un garde. Les autres échangent des coups d'œil dans lequel on peut lire l'inquiétude, mais aussi et surtout l'aversion que leur inspirent ce genre de personnes.
— Ai-je bien entendu le nom de Hyn ? demande l'homme en armure complète.
— C'est moi, confirme le Celte avec un calme à toute épreuve.
— J'ai déjà vu ce nom quelque part.
— Vraiment ?
— Oui... fait le garde avec un mince sourire. Sur une affiche qui contestait l'autorité de l'Empereur.
— Ha oui, celle-là... semble se rappeler Hyn. Ce n'est pas ma meilleure, malheureusement. J'ai fait bien mieux.
— Hé bien tu raconteras tout ça au geôlier...
Zéa fait un geste vers la table d'à côté et prononce tout bas quelques mots de pouvoir. Un nain occupé à boire une bière tombe soudain de son siège et se retrouve par terre, le précieux liquide renversé sur le sol. Irrémédiablement perdu, donc.
— Ma bière ! grogne-t-il d'un air mécontent.
Il s'adresse à son voisin d'une voix furieuse, persuadé que c'est lui qui l'a déséquilibré.
— Tu vas me payer une autre chope ou sinon...
— Ou sinon quoi ? s'enquiert l'autre nain en riant. Tu crois vraiment que j'vais gâcher mon or pour toi ?
— Raaah ! hurle le premier en se jetant sur lui.
Ils roulent au sol dans un joyeux vacarme et aussitôt quelques autres personnes se joignent à la bagarre. Le garde a tourné la tête un bref instant pour identifier l'origine de tout ce bruit, et Hyn en a profité pour se dégager. Les quatre amis s'enfuient en courant par la porte de derrière. L'homme en armure veut les poursuivre, un nain attiré par le combat passe devant lui, lui barrant la route un court instant. Court, mais suffisant. Lorsque le garde sort enfin dans la rue qui jouxte la taverne, elle est déserte, et aucune trace des fauteurs de troubles.
Ils ne sont pas allés bien loin. La forêt en contrebas résonne de leurs murmures. Le vent n'a pas faibli et le bruit de la pluie leur permet de parler sans être entendu à plus de quelques mètres. L'eau ruisselle sur leurs visages, imprégnant leurs vêtements, mais ils n'ont pas l'air d'y prendre garde.
— Je disais donc... répète Hyn en reprenant son souffle, ...étant donnés que nous sommes conscients de l'oppression qu'exerce le pouvoir, alors que le peuple est comme endormi... nous pourrions nous appeler les Éveillés.
— Ça me va ! décide Zéa.
— Le côté symbolique n'est pas pour me déplaire, acquiesce Lywen.
La nécrite se contente d'un simple signe de tête pour donner son assentiment.
— Bien. Alors à partir de ce jour, nous serons connus sous le nom d'Éveillés.
Un éclair déchire le ciel au même instant, comme pour sceller d'un trait de feu le pacte qui les unit désormais. Le tonnerre gronde au-dessus de leurs têtes alors qu'ils s'observent mutuellement, conscients du tournant que va prendre leurs vies.
— Retrouvons-nous ici demain, finit par dire Hyn. Nous déciderons de nos premières actions en tant qu'Éveillés.
Ils hochent la tête, puis ils s'éloignent chacun de leurs côtés, une flamme nouvelle brillant dans leurs yeux. Une certitude est née dans leur cœur. Celle d'avoir trouvé un but. Une cause pour laquelle sacrifier sa vie. Et des amis. Non, mieux. Des compagnons. Quelle différence, me direz-vous ? Vos amis vous pleurent lorsque vous mourrez. Vos compagnons meurent avec vous.
Mais il n'est pas question de mourir, bien sûr. Seulement de sauver le monde.
***
* L'affiche en question.
(La guilde a déjà été créée via les prps, nous ne demandons donc aucune approbation mais faisons simplement connaître le BG. Toutes les critiques sont les bienvenues, du moment qu'elles sont argumentées.)
Le crépuscule tombe lentement sur les terres d'Avalon, teintant les nuages d'une couleur rouge sang. Le vent agite les herbes de la plaine, soufflant de plus en plus fort. L'air a quelque chose d'orageux. Quelques minutes plus tard, un éclair zèbre le ciel au loin, fendant la voûte céleste telle l'épée d'un dieu Midgardien.
Alors que la nuit étend son emprise sur le monde, les Amtenaëliens se divertissent comme ils peuvent. A cette heure, les tavernes sont remplies. Prenez celle du Troll Unijambiste, dans la cité d'Avalon, par exemple. On n'y trouve plus une seule place assise de libre, et circuler entre les rangées relève d'une véritable gageure.
Un Celte habillé de noir manque renverser les bières qu'il porte quand un Kobold se cogne contre sa jambe, mais il parvient finalement à les ramener intactes à sa table. Il s'agit de la plus éloignée de l'entrée, située à côté d'une porte qui donne directement sur les rues de la cité. Choix stratégique s'il en est.
Le Celte se laisse tomber sur sa chaise et parcoure du regard ses compagnons. Un solide homme des plaines, une nécrite aux grands yeux noirs et une naine. Cette dernière s'empare d'une chope de bière avec une vivacité que ne laisse pas soupçonner sa corpulence.
— A moi celle-là !
Puis voyant les regards que lui jettent les autres, elle ajoute :
— Bah quoi ? J'ai soif moi ! Déjà qu'il t'en a fallu du temps pour nous les ramener, Hyn !
Le Celte hausse les épaules, ne prenant pas la peine de répondre.
— Yliana, Lywen. Servez-vous.
La petite nécrite et l'Albionnais ne se le font pas dire deux fois et s'approprient une bière avant que la naine ne puisse protester. Hyn ramène la dernière chope devant lui et s'éclaircit la gorge.
— Vous savez pourquoi nous sommes là.
Ils hochent la tête de concert. Ils ne se connaissent pas depuis longtemps, mais se sont déjà trouvé quelques points communs qui leur valent d'être rassemblés ici. Une certaine haine de l'autorité, un mépris profond pour toute forme d'ordre, qu'il soit humain ou divin, et l'envie de faire changer les choses, d'une manière ou d'une autre. Leurs différences s'effacent lorsqu'ils évoquent ce sujet.
— Jusqu'à maintenant, nos actions sont restées limitées, reprend le Celte. Coller des affiches (*), c'est bien joli, mais ça n'a pas beaucoup d'impact. Il faut aller plus loin.
— Que proposes-tu ? interroge Lywen en reprenant une gorgée de bière.
La naine le lorgne d'un air envieux alors que Hyn répond :
— Désorganiser cette mécanique bien huilée. Instiller le chaos partout où nous pouvons, jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. Ouvrir les yeux au peuple et le rallier à notre cause. Revendiquer notre liberté.
Sa voie mesurée fait mouche et les autres l'écoutent avec attention.
— L'ordre nous étouffe...
— ... nous asphyxie, continue Lywen.
— ... nous étrangle, acquiesce Yliana.
— ... nous... euh... hésite la naine. Nous empêche de vivre ! J'ai raison, hein, Hyn ?
— Exactement, Zéa, fait le Celte en lui adressant un léger sourire. Nous sommes conscients de tout cela, c'est pourquoi je propose que nous prenions comme nom les...
Hyn s'interrompt en sentant une présence derrière lui. Une main s'abat sur son épaule. Le Celte se lève et se retourne lentement. Un garde. Les autres échangent des coups d'œil dans lequel on peut lire l'inquiétude, mais aussi et surtout l'aversion que leur inspirent ce genre de personnes.
— Ai-je bien entendu le nom de Hyn ? demande l'homme en armure complète.
— C'est moi, confirme le Celte avec un calme à toute épreuve.
— J'ai déjà vu ce nom quelque part.
— Vraiment ?
— Oui... fait le garde avec un mince sourire. Sur une affiche qui contestait l'autorité de l'Empereur.
— Ha oui, celle-là... semble se rappeler Hyn. Ce n'est pas ma meilleure, malheureusement. J'ai fait bien mieux.
— Hé bien tu raconteras tout ça au geôlier...
Zéa fait un geste vers la table d'à côté et prononce tout bas quelques mots de pouvoir. Un nain occupé à boire une bière tombe soudain de son siège et se retrouve par terre, le précieux liquide renversé sur le sol. Irrémédiablement perdu, donc.
— Ma bière ! grogne-t-il d'un air mécontent.
Il s'adresse à son voisin d'une voix furieuse, persuadé que c'est lui qui l'a déséquilibré.
— Tu vas me payer une autre chope ou sinon...
— Ou sinon quoi ? s'enquiert l'autre nain en riant. Tu crois vraiment que j'vais gâcher mon or pour toi ?
— Raaah ! hurle le premier en se jetant sur lui.
Ils roulent au sol dans un joyeux vacarme et aussitôt quelques autres personnes se joignent à la bagarre. Le garde a tourné la tête un bref instant pour identifier l'origine de tout ce bruit, et Hyn en a profité pour se dégager. Les quatre amis s'enfuient en courant par la porte de derrière. L'homme en armure veut les poursuivre, un nain attiré par le combat passe devant lui, lui barrant la route un court instant. Court, mais suffisant. Lorsque le garde sort enfin dans la rue qui jouxte la taverne, elle est déserte, et aucune trace des fauteurs de troubles.
Ils ne sont pas allés bien loin. La forêt en contrebas résonne de leurs murmures. Le vent n'a pas faibli et le bruit de la pluie leur permet de parler sans être entendu à plus de quelques mètres. L'eau ruisselle sur leurs visages, imprégnant leurs vêtements, mais ils n'ont pas l'air d'y prendre garde.
— Je disais donc... répète Hyn en reprenant son souffle, ...étant donnés que nous sommes conscients de l'oppression qu'exerce le pouvoir, alors que le peuple est comme endormi... nous pourrions nous appeler les Éveillés.
— Ça me va ! décide Zéa.
— Le côté symbolique n'est pas pour me déplaire, acquiesce Lywen.
La nécrite se contente d'un simple signe de tête pour donner son assentiment.
— Bien. Alors à partir de ce jour, nous serons connus sous le nom d'Éveillés.
Un éclair déchire le ciel au même instant, comme pour sceller d'un trait de feu le pacte qui les unit désormais. Le tonnerre gronde au-dessus de leurs têtes alors qu'ils s'observent mutuellement, conscients du tournant que va prendre leurs vies.
— Retrouvons-nous ici demain, finit par dire Hyn. Nous déciderons de nos premières actions en tant qu'Éveillés.
Ils hochent la tête, puis ils s'éloignent chacun de leurs côtés, une flamme nouvelle brillant dans leurs yeux. Une certitude est née dans leur cœur. Celle d'avoir trouvé un but. Une cause pour laquelle sacrifier sa vie. Et des amis. Non, mieux. Des compagnons. Quelle différence, me direz-vous ? Vos amis vous pleurent lorsque vous mourrez. Vos compagnons meurent avec vous.
Mais il n'est pas question de mourir, bien sûr. Seulement de sauver le monde.
***
* L'affiche en question.
(La guilde a déjà été créée via les prps, nous ne demandons donc aucune approbation mais faisons simplement connaître le BG. Toutes les critiques sont les bienvenues, du moment qu'elles sont argumentées.)