[BG] Alkar

[Alkar]

Comme toujours, une journée paisible s'annonçait. Quelques rayons de soleil traversaient le feuillage des arbres millénaires d'Hibernia, la douce odeur de résine et de terre fraîchement labourée par les sangliers suffisait à le rendre heureux. La forêt le chérissait, et lui, la respectait en retour comme tout bon Elfe qu'il se doit d'être.
Comme beaucoup de ses camarades, il maniait l'arc à la perfection et maîtrisait les bases de la magie. Bien qu'encore jeune, les sages l'avaient remarqué et avaient particulièrement confiance en lui et en son avenir, c'est pour cela qu'ils s'appliquèrent à lui enseigner les principes de vertu, de sagesse, d'honneur et de loyauté.
Tout allait donc pour le mieux, il devint vite un combattant exemplaire, apprecié de tous, que l'on jugeait de bon et de tolérant.

Ce fier archer se nommait Alkar, son nom n'avait alors rien de contradictoire avec la vie qu'il menait, puisqu'il signifie splendeur et éclat, selon l'ancien language des Elfes, le Quenya.
Seulement, la vie est loin d'être aussi simple, et le bonheur total n'existe pas et n'existera jamais. Que l'on soit riche ou pauvre, entouré ou seul au monde, aimé ou detesté, tôt ou tard... On souffre.

Il lui manquait une chose, une seule, une chose que tout le monde possède, mais que lui... n'avait pas. On peut supposer qu'il est facile de se la procurer, mais personne ne peut savoir sans y avoir goûté... cette chose manque terriblement lorsqu'on ne l'a pas et c'est elle qui dans notre cas fera toute la différence... cette chose c'est tout simplement un BUT...
Jusque là, on lui avait toujours dit quoi faire. Il avait tout pour être heureux, rien ne lui manquait, son petit confort, sa famille, l'amour, il avait tout, mais maintenant ? que faire ? ou aller ?
Il êtait conscient de ce manque et il en devenait obsédé, il finit par en devenir malade, et en lui... poussa une graine, une graine noire.... qui ne présage jamais rien de bon, une graine qui se nourrit de la haine et de la colère, qui enflige le desespoir et la souffrance, il avait beau tout avoir, il devenait de plus en plus solitaire, mystérieux, ce mal qui naissait en lui, il ne le comprenait qu'à moitié, il avait changé, plus personne ne le connaissait vraiment.

Il décida donc de partir, et c'est à Avalon loin de sa forêt qu'il partit à la recherche d'un but, partagé entre ses racines et sa nouvelle personnalité, le bien et le mal en quelque sorte, il ne faisait plus parti d'aucun des deux et c'est son avenir qui deciderait du chemin à prendre...

Une fois à Camelot, il découvrit la cupidité des hommes, un peuple trop diversifié avide d'argent et de pouvoir, composé de dirigeants qui exploitent la naïveté de leurs sujets, afin de réaliser leurs ambitions idiotes et égoïstes.Il decouvrit un monde parsemé de guerre et de désolation ou Albionnais, Hibernien et Midgardien arrivaient à cohabiter ensemble même s'il y avait souvent de nombreux débordements de la part de chacuns d'eux.
C'est donc la tête pleine de nouvelles questions qu'il se mit à errer dans ce monde qu'il ne conaissait pas. Poursuivant sa quête, il trouva des personnes sympathiques qui ne demandaient qu'à l'aider, d'autres, au contraire, n'êtaient interessés que par le peu de biens qu'il possédait.
Il découvrit également les Dieux... Chez son peuple le respect de la nature suffisait à les faire subsister, mais dans ce monde cela ne suffisait pas. Les hommes compensaient leurs infériorités en priant des êtres illuminés. Ce ne sont pas les fleurs ou les fruits qui nourrissent les hommes mais bel et bien la sensation d'un pouvoir toujours plus grand...
Il passa de nombreuses années à explorer ce nouveau monde, chaque jour plus surpris, chaque jour un peu plus émerveillé ou dégouté de ce qu'il apprenait... mais jamais il ne trouva ce qu'il recherchait.
Il decida donc de rentrer chez lui, mais son peuple, son petit village paisible et tranquille n'existait plus. Gisaient sur le sol cendres et cadavres, les arbres millénaires furent abattus et brulés afin de ne pas gêner la marche des envahiseurs, la seule chose qu'il y trouva, c'etaient les restes putrides de ses frères et soeurs entourés de charognards qui se disputaient pour gagner les quelques morceaux de chair qui restaient encore accrochés aux carcasses des Elfes qui furent jadis amis, frères ou entraîneurs...
A la vue de ce spectacle morbide, il tomba les deux genoux à terre et se mit à pleurer toutes les larmes de sa pauvre dépouille. La graine qui avait donné une plante à l'interieur de son coeur devint en quelques secondes un arbre gigantesque capable de rivaliser avec ceux, millenaires d'Hibernia... Les larmes qui jaillissaient de ses yeux ne suffisaient pas à extraire toute la haine qui venait de naître en lui. Il jura donc, les yeux pleins de flammes et le coeur déchaîné, de ne plus jamais verser une larme. Puis il brandit son sabre, avant de courir en tramblotant vers les rapaces et bêtes en tout genre, qui finissaient les restes des corps démembrés qui résidaient sur le sol de cendres. Il les tua tous, un par un, chaque coups plus puissants les uns que les autres, le sang se mélangeait à la cendre et les morceaux de viande qu'il venait de découper, tombaient dans l'épaisse poussière.
Une fois la zone dénuée de toute vie, il frappait encore sur les corps inertes qui reposaient sur le sol, avant d'entendre une voix... Il s'arrêta d'un coup, ses yeux s'exorbitaient, perdu dans ses pensées... A nouveau " A l'aide... Sauvez moi." C'étaient les paroles d'un être agonisant. Il s'approcha alors et vit un humain en armure gravement blessé. L'homme le regarda effrayé et répéta "sauve moi, j'ai une femme, des enfants, je n'ai pas choisi de venir me battre ici, je..." l'homme n'eut pas fini de parler, qu'il le trancha en un coup d'épée si violant, qu'il l'ouvrit du crâne jusqu'au bas du ventre laissant s'échapper les tripes de celui-ci. Alkar gisait là, devant la boullie, le visage dénudé de tous sentiments.

Ce jour, il trouva le but tant recherché, le mal avait donc triomphé de lui. Même s'il ne pouvait oublier ses racines, ce qui lui donnait un reste "d'humanité" dont il avait apparamment appris à faire abstraction, du moins c'est ce que l'on pouvait constater après avoir vu ce désastre... Sa vie en resterait éternellement changée, rien ne le ferait plus jamais revenir en arrière...

Il decida donc de repartir pour Avalon afin d'érrer à nouveau dans ce monde qu'il ne connaîssait donc pas suffisamment. Une chose avait changé, maintenant, il la possedait... La chose qu'il lui manquait auparavant... Sa vie ne serait plus que souffrance et désolation, il en était conscient, son premier objectif serait avant tout de trouver quelqu'un... quelqu'un capable de l'aider dans ses nouveaux projets, quelqu'un qui partagerai sa souffrance, une personne dont la haine avait déjà été professeur, une personne qui le mènerait là où il voudrait désormais être...