Que me voulez vous. Qui suis-je ? Quelle est mon histoire ??? Nous ne sommes guère intimes, mais je me sens d’humeur à partager mon expérience, la chance vous sourit l’ami !
Par où commencer… ?
*Le Début*
Voilà, bonjour, ça c’est moi, Fizzz Arrow, lurikeen. Je suis venu au monde le 35ème jour du mois de la licorne, au début de la 158ème année suivant la prophétie (à 3 jours près, le mois du cafard m’accueillait, mon destin n’aurait sans doute pas eu tant d’écho alors…). Ma vie d’enfant ne fut que joie et gaieté, chevauchant les grenouilles pour faire quelques courses entre amis, jouant au raisin au prisonnier (ressemblant étrangement à votre… comment dit-on ? ‘balle au prisonnier’), une jeunesse de lurikeen tout ce qu’il y a de plus simple.
Comment ça ? Oui, bien sur que j’ai chevauché des grenouilles ! Ne les écrasais-je pas ? Ah oui bien sur, tête en l’air que je suis ; que sont les lurikeens… ?
*Les lurikeens*
Que représentent les lurikeens pour vous humains ? Et bien pour la plupart nous ne sommes guère plus qu’un insecte, quelque peu inutile, dont la présence n’est en rien indispensable à l’équilibre de ce monde, tel un moustique pourrait-on dire…
Les lurikeens sont donc de petites créatures, abrités par la forêt hibernienne, dont ils sont aussi bien les yeux que les oreilles, cette taille leur offrant une bonne dissimulation parmi les hautes herbes et autres végétations. N’espérez pas entrer en nos terres sans que la forêt entière ne soit au courant. Pour cette surveillance, la nature nous a doté de dons magiques, tels que, pour ma part, des sens surdéveloppés (une tarte au four à moins d’une demi journée de marche, je serai à coup sur présent pour sa dégustation !), ainsi qu’une accélération foudroyante, au cas où, jouant de ma flûte sur les bords du lac Luvonia, mes pensées vagabondant, je ne sentirais la présence d’un proche danger, tel un scarabée d’eau douce ne partageant pas mon oreille musicale … Vous connaissez désormais ma race, mais quelles sont les racines d’où découle mon destin ?
*La Famille*
Tout d’abord, je suis fils unique, ma mère ayant très mal supporté mes pleurs incessants durant chaque nuit que mes 6 premières années ont vu passer.
Les lurikeens étant inspirés par la nature, il est normal que le père représente le haut de la hiérarchie familiale.
Voici, mon père, Gurlik, dresseur d’animaux de la forêt, personne n’a pu atteindre un tel niveau dans la compréhension, et la profondeur des liens qu’il pouvait tisser avec ceux-ci. Durant sa jeunesse, il n’épiait pas les vagabondages des êtres dit intelligents, mais préférait de loin observer les créatures. Jusqu’au jour où, le jour de son 12ème anniversaire pour être précis, il parti observer une famille d’obolgues, repérée une semaine auparavant. Le plus jeune jouait à chasser les papillons autour de lui, tandis que les parents s’affairaient à trouver de quoi manger. Au fil de sa chasse, le jeune s’éloignait, puis tomba nez à nez avec un hutracle, carnivore de deux fois la taille d’un lurikeen… Il se mit alors à courir vers ses parents, poussant un cri d’appel. Les parents s’interposèrent ! Mais le combat était perdu d’avance. Très vite, sa mère se retrouva à terre, seul désormais, le père essayait tant bien que mal d’écarter la créature de son enfant, faisant front, sachant qu’il y perdrait la vie. Mon père prit alors la décision qui forgerait son destin, il déboula entre les hautes herbes usant de son accélération magique, attrapant le jeune obolgue dans ses bras, celui-ci n’étant alors pas plus gros qu’un champignon à ce moment, et s’enfuit aussi vite qu’il était intervenu. Un instant plus tard, un cri de douleur déchira la forêt, un cri d’obolgue, pendant que mon père emmenait le jeune obolgue loin de la scène… Celui-ci était désormais orphelin. Gurlik le dresseur était né, ne pouvant résister, il apprivoisa l’obolgue, travail de longue haleine s’il en est, qui lui coûtât son adolescence. Qu’importe, il avait trouvé sa voie, et un compagnon en même temps, ‘Gromak’ comme il décida de l’appeler (en souvenir de son père) que vous voyez là en compagnie de mon père. Il fut aussi un de mes compagnons de jeu.
L’autre tournant de sa vie fut sa rencontre avec ma mère.
Crucilia, bonne vivante, mais surtout excellente cuisinière ! Des recettes de famille existant depuis l’accomplissement de la prophétie étaient le trésor et le secret le plus précieux qu’elle avait. Ils se sont rencontrés au concours annuel de la trouchignole, chacun ayant alors atteint leur 20ème année. Ce concours rassemblait tout les villages de lurikeens d’hibernia pour une grande fête, les femmes finissant souvent par parler où danser entre elles, les hommes n’étant plus en état de faire quoi que ce soit une fois la lune haut dans le ciel, faute d’un abus d’orticaliste (liqueur faite à partir des fleurs d’orties ramassées au cours de l’année). Mon père y était présent en tant que membres du jury, ma mère en tant que compétitrice. Elle avait donc préparé pour l’occasion la trouchignole familiale, avec les ingrédients secrets dont seules elle et ses sœurs avaient connaissance. La trouchignole, si vous n’avez jamais été conviés à un tel festin, est un met étant à mi-chemin entre votre tartiflette et votre choucroute, un plat collant au corps ! Naturellement, quand le tour du plat de ma mère arriva, mon père n’en revint pas, comment cela pouvait-il être aussi délicieux ? Il sorti de table immédiatement après avoir terminé son assiette pour allez voir cette si bonne cuisinière. Il faut savoir que chez nous, la cuisine est un des critères essentiels quant à la recherche de la femme avec qui partager sa vie. Il réussit à la faire rire, lui montrant les tours qu’il avait appris à Gromak entre autres plaisanteries. Ils devinrent vite proches, et à la moitié de la 2ème année de leur histoire je vins au monde. Connaissant désormais ma mère, vous n’êtes sans doute plus étonné d’avoir cru déceler un léger en bon point chez mes parents…
*Le trésor familial*
Quelques années plus tard, quand j’atteignis ma 13ème année, lors de travaux de rénovation du toit de la maison familiale, mon père fit la découverte, entre deux lames des différentes couches de bois formant le toit, d'une plaque de métal quelque peu oxydée par le temps. Il la dégagea alors, mais les inscriptions qu’elle portait n’étaient plus lisibles… Intrigué, mon père alla voir l’enchanteur vivant dans l’immense bâtisse en haut de la colline faisant face à notre village. Ce grand homme lui ouvrit la porte à son arrivée :
« Entrez mon cher », lui dit-il, « je vous attendais ».
Mon père fut surpris, mais ne déclina pas l’invitation.
« Très bien, faîtes moi voir cette tablette.
- Comment savez-vous pourquoi je…
- …suis venu vous voir ? Je connais des choses sur vous que vous ignorez pour le moment. Je peux vous aidez, il y aura cependant une condition.
- Quelle est-elle ? »
L’enchanteur fit un immense sourire laissant apparaître toutes ses dents :
« Demandez donc à votre dame de me faire une trouchignole !!! »
Après quelques jours de tractations et de sortilèges devant redonner jeunesse à la plaque, elle devint alors visible. Il s’agissait d’une carte, menant apparemment à un trésor ensevelit par nos ancêtres avant l’accomplissement de la prophétie. Cette pièce métallique était donc en fait une sorte de testament…
*Le Drame*
Après plusieurs semaines de recherche, mon père aidé de l’enchanteur trouvèrent la signification des symboles, et comprirent alors où se trouvait ce trésor s’annonçant d’une formidable importance pour notre peuple. Ce n’était qu’à deux jours de marche de notre village. Tout le monde fut convié à l’extraction du trésor. Hommes femmes et enfants furent conviés à cet évènement. Les hommes se mirent à creuser, quelques heures a peine plus tard, « TINK », Hobirk, un des hommes forts du village, planta sa pelle assez loin pour voir un coin de boite faite de bois recouverte de feuilles d’or sur les rebords de celle-ci. Ils l’extrairent avec délicatesse. Ce coffre était certes de petite taille, mais semblait quand même faire un certain poids. N’aimant que très peu la foule, je jouait de ma flutte sur une branche d’arbre, assez loin pour ne pas être dérangé, mais assez près pour ne rien manquer.
Sur le couvercle était marqué : « En témoignage, pour les générations futures ».
Mon père, devenu un homme important à partir du moment où la tablette fut déchiffrée, se vit honorer du droit de l’ouvrir. Mais dans sa bonté :
«Enchanteur, venez donc ici et ouvrez là, sans vous tout ceci n’aurait pas été possible.
- Je ne peux mon cher ami, il vous appartient plus de le faire, en tant que descendant des lurikeens passés. »
Mon père s’approcha du coffre, tout le monde se pressait autour de lui…
Un gémissement de douleur intense se fit entendre, l’enchanteur, resté à l’écart, était désormais entouré d’un épais nuage pourpre. Tout le monde, moi compris, regardaient la scène, stupéfait. L’enchanteur gisait désormais à terre. Tout le monde se mis à hurler, mais a peine eurent ils commencé à s’enfuir, qu’un nuage, noir cette fois ci, serpentant sur toute la zone, semblait bloquer tout les mouvements des membres inférieurs ! Moi-même, je fus tétanisé, mais non pas à cause de ce nuage, il ne pouvait m’atteindre, mais de la vision d’horreur qui prenait place devant mes yeux.
Personne ne pouvait plus bouger, les cris s’intensifièrent alors, la peur avait cédé la place à la terreur, chacun regardant l’autre encore plus effrayé que lui, essayant toujours en vain de fausser compagnie à ce nuage, mais rien n’y fit. La magie utilisée ici était bien plus importante de celle que connaissaient les habitants du village.
C’est alors qu’il fit son apparition, le sombre mage, les ténèbres pour seul sillage. Je ne pourrais jamais oublier son visage.
Il ne prononça mot, se contenta simplement de mettre ses mains en face de lui à mi-hauteur, à peine écartées, plissa les sourcils, une lumière sombre se mit à apparaître entre celles-ci. Il semblait concentrer une énergie considérable. Je ne pouvais toujours pas bouger, trop pétrifié même pour ne serait-ce qu’émettre qu’un son. Puis, un grand geste, levant les mains au ciel, cette énergie s’envola, pris la direction des habitants de mon village, s’arrêta au dessus quelques instant, et s’élança sur le groupe, suivant le mouvement des bras du mage, se transforma alors en tourbillon de flammes, et embrasa instantanément le corps de tous, mes voisins, mes amis… mes parents…
Ils tombèrent les uns après les autres. Le mage avança au milieu des corps se débattant, les flammes s’ouvrant sur son passage, le conduisant jusqu’au coffre. Il se baissa, pris le coffre entre ses mains, semblant avoir une drôle de sensation… Un des corps tenait le bas de sa cape, lui demandant :
« Qu..qui….Qui.. êtes vous ?...Pou…rquoi ?
- Mon nom est Zavtrak. »
Ce nom me raisonna dans la tête, me transperça le ventre.
D’un coup de bâton, il renvoya le corps au milieu des flammes… Ce fut le dernier à succomber… Mon père…
Le mage commença à rebrousser chemin… S’arrêta… Une autre impression s'emblait l'assaillir, il se retourna d’un coup, son regard noir me dévisageait ! Il ne fit rien, se retourna, ricanant, les ténèbres se refermant derrière lui… Il disparu dans un nuage grisâtre, le coffre sous le bras…
*La Voie du Guerrier*
‘Zavtrak’… Jamais je n’oublierai ce nom !
Après, un long moment d’immobilité, je me remis à bouger, tremblant comme une feuille. Je descendis de mon arbre, failli tomber une fois touché le sol, je marchais titubant vers le massacre, au centre, ou se trouvait avant le coffre… Juste à mes pieds, de ce corps calciné, seul l’expression de douleur de mon père était reconnaissable… Une boule monta de mon ventre, atteignit ma gorge « NOOOOoooooonnnnnnnnnnnnn », les quelques oiseaux toujours présents s’envolèrent sur ce cri de souffrance. J’éclatai en sanglot, à genoux, tenant les restes de mon père… ‘Zavtrak’… « je te tuerai ».
Je déposai les corps, de mon père et de ma mère, dans le trou précédemment creusé pour trouver l’objet de leur perte. Je les ensevelis… Je tournai les talons, revins au village, vide, sans vie… Je retournai ensuite dans ma maison, le visage couvert de larmes et de haine, puis allai au grenier où toute l’histoire avait commencé. Je ne pus bouger de cet endroit trois jours durant, les yeux grands ouverts, regardant la charpente décrépie. Je me levai finalement, faible, à ma droite, un coffre où les affaires de la famille étaient rangées. Je fouillai, des objets personnels de mon père, veston, bâton de marche ; de ma mère, un médaillon, une robe… Au fur et à mesures que je découvrais tous ces objets, l’émotion vécue si peu de temps auparavant me regagnait. Arrivé au fond, un arc, des flèches, n’ayant pas servi depuis fort longtemps. Un signe ? Qu’importe, avec cette arme là ou une autre… « je te tuerai »
Je prends le premier sentier sortant du village, ironie du sort ou pas, j’atteins le lac où j’avais passé tant de temps, oisif, ne me souciant de rien. C’est aujourd’hui le cœur chargé que je reviens ici… J’avance un peu plus, le carquois en bandoulière, l’arc à l’épaule, me pose sur un rocher, la tête entre les mains. J’entends des bruits de sabots, l’eau qui se trouble… Je relève la tête, une licorne me regarde… Elle s’incline… Désormais, elle me guidera vers mon destin…
« Zavtrak, je te tuerai »
~ FIN ~
)
, magnifique !
