En Avalon ...

[Liath Aengus]

Liath se dirigeait vers Avalon. Il était heureux à l'idée de repasser par les majesteuses portes centenaires de la Cité, et de retrouver ses lieux de prédilection.

Cela faisait désormais un petit mona qu'il avait fait son grand retour en Avalon.
Evidemment, la famille Aengus n'avait pas fait preuve d'un enthousiame sans faille à cette idée. Liath avait trouvé que son cousin, Eidam, lui avait fait preuve d'un acceuil particulièrement détestable. Comment ce moins-que-rien, qu'on soupçonnait d'être un fils bâtard, osait-il encore le mépriser, alors qu'il s'était déjà arrangé avec sa charogne de père pour le déposséder ?
Néanmoins, Liath était satisfait de savoir que, malgré les épreuves qu'il avait traversées, son nom était encore connu des habitants de la Cité. Pour tous, il était resté le charismatique et digne descendant de Laeg. D'ailleurs, les domestiques de la maison Aengus agissaient presque avec plus d'égards pour lui que son cousin, maintenant qu'il était de retour.

Il était venu dans la Cité dans le simple but de changer sa garde-robe, et de retirer une nouvelle série de livres de sa bibliothèque. Bien qu'il savait qu'il aurait pu rester en Avalon, il préférait repartir régulièrement à Emblème, afin de limiter les remarques et critiques de son cousin. Il ne fallait pas presser les choses, son heure viendrait. Il en était persuadé.
Avant de retourner au petit village, il ne pouvait cependant pas quitter les murs de la Cité avant d'adresser une visite de courtoisie à son oncle Faelan. Véritable tête pensante de la famille et gestionnaire de leur fortune, il aurait été déplacé de lui refuser ce plaisir. Dès son retour, Faelan avait voulut revoir son neveu. Liath le savait : son oncle l'avait toujours préféré à Eidam, et il avait été profondément peiné lorsqu'il avait décidé de s'exiler.

L'oncle et le neveu discutèrent d'un ton tout à fait détendu, sans jamais faire référence à l'héritage. Ils s'échangèrent des nouvelles, commentèrent les dernières pièce de théâtre qu'ils avaient vu, se firent des recommandations quand aux livres à lire. Autour d'un verre d'absinthe, ils abordaient désormais un sujet cher au coeur de Liath : la politique dans la Cité.

- "Vous savez ...", disait Faelan, "... les temps sont de plus en plus troubles. Tous, dans la Cité, veulent paraître les plus vertueux, donner les fêtes les plus oppulantes. Mais au final, ils se mordent tous la queue. Nul n'a jamais vu d'aigle sortir d'un nid de serpents."
Il soupira un instant. "Il est loin, le temps ou notre bon Solstice amenait paix et stabilité aux nôtres ..."
- "Parlons-en, mon oncle, de l'Empereur. N'avez vous aucune nouvelles, au coeur même de sa Cité ?", répliqua Liath, avant de reporter son verre d'absinthe à ses lèvres.
- "Ah, mon cher. Si tout était si simple. Depuis que ces faux Seigneurs se sont appropriés ses terres, depuis son enlèvement ... Aucune information ne passe. A croire que le Septième est mort." Il marqua une pause, avant de reprendre, d'un air grave. "A mon avis ... Qu'il soit mort ou pas, Avalon ne tiendra plus longtemps. Nous avons absolument besoin d'un symbole, d'un homme fort qui rétablira l'unité. Premièrement dans les murs de la Cité, et puis après ... pourquoi pas, sur l'ensemble des terres d'Amtenaël".
- "Il faut que l'Empereur revienne.", acheva Liath
- "Oh, ça ... " sourit Faelan. "Vous êtes bien naïf. Il suffirait au conseil des Magisters de décréter l' Har Rouge. Et alors, nous verrions bien ce que nous obtiendrions."
- "Oui, sûrement."
Les deux hommes retrouvèrent le silence. Pensifs, ils réfléchissaient à l'avenir d'Avalon, qui leur était si cher. Pourtant, l' Har Rouge n'avait pas été prononcée depuis des dizaines cycles. Non, il faudrait mieux retrouver l'Empereur. S'il était en vie ...

Sur ces sombres pensées, Liath pris enfin congé de son oncle. La nuit n'allait pas tarder à tomber, et il voulait être de retour à Emblème avant de pouvoir apercevoir les étoiles.