[Récit]L'avènement des images (proposition)

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Shalima
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[Récit]L'avènement des images (proposition)

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Boum.

Un nuage de fumée âcre se dissipait dans le quartier des Alchimistes, vous voyez, ce genre de nuage qui pique les yeux, gratte la gorge et fait irrémédiablement éternuer plusieurs fois. Ce quartier était le plus neuf d'Avalon. Chose tout à fait normale, si l'on considère que l'espérance de vie d'une maison dans cette partie de la ville n'excède pas deux semaines.

Les Alchimistes, personnages étranges et discrets sont des êtres curieux. La plupart n'ont plus de sourcils, voire de cils. Le danger constant et le risque d'explosion permanente, plus élevé que chez les Arcanistes, règle pour certains le problème de pilosité faciale. Leurs mains, constamment rouges, sont rugueuses et tremblantes, dans l'expectative de l'explosion qui soufflerait leur douillet logis qui sent le souffre, l'alcool et d'autres produits particulièrement instables. Voilà qui règle une fois pour toutes le problème des travaux et la décoration intérieurs.

Boum.

L'alchimiste sortit en titubant de ce qui restait de sa demeure. Il était suivit par une trainée de fumée, la robe passablement trouée ça et là, les sourcils roussis. La foule commençait à se rassembler lentement autour des décombres, tandis que Ridil s'assit lourdement sur un moellon partiellement fondu, mais solide.

-"Ca va?" demanda un passant.
-"Heu…" il hésita. "Ouais…"
-"C'était quoi encore ce barouf!" la foule murmurait, certains semblaient étonnés de la durée de vie étonnante de ces curieux personnages.
-"Ho, heu… Comment qu'on dit encore, lorsqu'on a trouvé quelque chose, là, une découverte universellement sensationnelle?" L'alchimiste passa sa main sur son visage noir de suie, pensif.
-"Ca y est?" proposa quelqu'un.
-"Non non, l'autre mot étranger…"
-"Allélouia?" risqua quelqu'un.
-"Qui cherche trouve?"
-"Tant qu'y'a d'la bière, y'a d'l'espoir!" vociféra un Nain avec une tête à pas sucer de la glace.
-"L'oignon fait la force!" crièrent quelques-uns.
-"Yipie!" cria un Lurikeen.
-"Mais non, reprit l'alchimiste, c'est concernant une formule là, avec une histoire de pomme…"
-"Ma mère fait des compotes!" cria un paysan.
-"On s'en bat l'œil! Et elle utilise autre chose que des pommes, ta mère!" lança un autre.
-"Laisse ma mère en dehors de ça!"
La foule commença à s'agiter. L'alchimiste épousseta sa robe maculée, toujours absorbé par ses pensées.

La foule attire souvent des personnages différents. Coupes-bourses, badauds, agitateurs, etc.
Une aubaine pour Filasse. Là où il y a du monde, il y a de l'argent. Là où il y a de l'argent, il y a toujours moyen de vendre quelque chose. On le surnommait Je-m'coupe-le-bras, à cause de sa politique commerciale bien avancée.

"Par ici, mesdames et messires, la pommade anti-brûlures chimiques, la potion contre le feu, à cinquante pièces d'or la bouteille! Combat même les infections et le venin de lézard chimique! Venez, venez, j'ai mes stocks! Et pour vous remettre, savourez ces grillades! A ce prix là, autant dire que je m'coupe le bras!"

Il allait droit au travers de la foule, son étalage accroché à son cou par une sangle, houspillant la clientèle dédaigneuse qui regardait d'un œil suspect la viande indéfinissable.

"Tellement frais qu'ça bouge encore!"

Ridil, la tête entre les mains, se dressa soudain.

-"Euréka!"
-"Euré-quoi?" cria quelqu'un.
-"Ca veut dire qu'il a trouvé, ignare…"
-"J'y suis! C'était simplement ça! J'ai trouvé!" la foule murmurait sans comprendre, et regarda l'alchimiste bondir dans les décombres et farfouiller dans ce qui restait de l'armoire contenant ses ingrédients.
"La lumière! Il y a trop de lumière!" marmonna t'il, occupé à réunir plusieurs choses. Des bruits de flacons et de métal entrechoqués résonnaient, mêlés à des couinements sauvages.

"Alors, personne pour un p'tit en-cas? La saucisse de cockatrice, dans un p'tit pain! Seulement vingt pièces d'argent!" Filasse allait de l'un à l'autre, dans l'espoir de refourguer sa marchandise douteuse. Mieux valait ne pas savoir quelle viande garnissait ces boyaux tout aussi douteux.

La foule se dispersa vite, et le camelot se retrouva bientôt seul. Intrigué, il se rapprocha de la maison dévastée, pour voir ce que bricolait Ridil. L'alchimiste essayait de confectionner une boite à couvercle, genre de parallélépipède avec en plus un côté coulissant, et sortit un petit diablotin d'une cage pour le fourrer dedans, manquant de se faire mordre. A l'intérieur, fixés sur une paroi, une série de petits flacons sans couvercles contenaient des encres de plusieurs couleurs. Il saisit ensuite délicatement un carré blanc, comme un parchemin, et le glissa dans une rainure près du panneau manquant, de sorte que le "papier" se trouve juste parallèle derrière la partie coulissante. Il rabattit le couvercle, remis le panneau coulissant sans le fermer complètement et mit un tissu sur sa tête en regardant par un trou à l'opposé de la feuille de parchemin pour s'abriter de la lumière.
Il se retourna vers ce que l'on peut appeler l'extérieur de la maison, face à Filasse qui le regardait, intrigué.

"A toi, maintenant, et vite!" il tapa contre la boite pour réveiller le diablotin qui s'activa. Des bruits de plume grattant sur le morceau de papier spécial résonnaient de la boite, comme si quelqu'un écrivait à toute allure. Le camelot ne bougeait toujours pas, redoutant une nouvelle explosion de l'appareil, prêt à se cacher au moindre bruit suspect.

Après une minute longue comme un mona, l'alchimiste sortit rapidement la feuille spéciale, maculée de couleurs pour la plonger sans attendre dans un bac rempli de liquide. Il recula, et attendit quelques secondes avant de la sortir pour la suspendre quelque part. Filasse écartilla les yeux, et passa sa main sur sa figure, stupéfait.

C'était lui, sur ce papier. Lui, son présentoir suspendu autour du cou, le regard inquiet, dans la position qu'il avait juste auparavant. Incroyable.

Il s'approcha pour regarder en détail, grognant en remarquant l'embonpoint fidèlement reproduit sur la feuille.

-"Mais qu'est-ce que…"
-"C'est une image" répliqua Ridil.
-"Vous voulez dire…"
-"Eh bien c'est vous, non? C'est une reproduction de la réalité, si vous préférez…"
-"Ah oui… Ca me semble tout de même déformé."
Ridil haussa les épaules, en soupirant.
-"Combien pour… Pour l'image?" demanda le marchand.
-"Combien? Mais… Ce n'est pas à vendre!" protesta l'alchimiste. Filasse, un sourire enjôleur aux lèvres, passa son bras sur les épaules de Ridil.
-"Les gens vont se battre pour voir ça… C'est de l'or en pépites que vous avez là… je vous le garantis, ou alors je m'coupe le bras!"

(Inspiré de: Les zinzins d'Olive-Oued, les Annales du Disque-Monde, Terry Pratchett)
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"Les Schindall et les Kandall sont deux anciens clans Valkyn. De nos jours, plus personne ne se revendique l'une ou l'autre appartenance..."
Shalima Schindall, Assassine.
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