Source :PARIS (Reuters) - Face à la flambée des prix des produits alimentaires, François Fillon annonce des mesures pour lutter contre les "abus" et les "comportements inacceptables" des industriels et des distributeurs.
"Il y a manifestement des abus de la part d'industries et des distributeurs qui profitent des hausses de matières premières agricoles pour accroître leurs marges", a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse à Matignon.
"Le gouvernement ne restera pas inactif face à des comportements qui sont inacceptables et qui nuisent à nos concitoyens", a souligné le chef du gouvernement.
François Fillon s'exprimait à l'issue d'une réunion avec les ministres de l'Économie et de l'Agriculture, Christine Lagarde et Michel Barnier, et le secrétaire d'État à la Consommation, Luc Chatel.
François Fillon a annoncé le lancement mardi d'une "opération coup de poing" conduite par les services du ministère de l'Économie et des Finances "dont l'objectif est d'enquêter sur les comportements de marges".
"Il s'agit de voir où sont les abus. Il s'agit de déterminer ce qui est dû dans la hausse des prix à l'augmentation des cours internationaux et ce qui est imputable au marché français", a-t-il expliqué.
"Pourquoi le marché français est-il en moyenne entre 5% et 30% supérieur, s'agissant des prix alimentaires, aux autres marchés européens ?", s'est-il interrogé.
Soucieux de "vérifier l'évolution réelle des prix", François Fillon a annoncé la publication avant le 10 mars des résultats de l'observatoire des prix et des marges sur les produits alimentaires dans la grande distribution, créé en novembre.
HAUTE AUTORITÉ DE LA CONCURRENCE
Un premier panel portant sur 20 produits phares sera analysé avant la fin de la semaine, précise Matignon dans un communiqué.
A partir des données recueillies, le Premier ministre a dit vouloir prendre des initiatives visant à dynamiser la concurrence et faire baisser les prix.
Une Haute autorité de la concurrence "aux pouvoirs accrus" sera créée dans le cadre du projet de loi pour la modernisation de l'économie.
Dans son communiqué, Matignon promet en outre une "réforme de la règlementation afin de permettre la négociabilité des tarifs et une compétition accrue entre les distributeurs".
Ces mesures doivent compléter la loi Chatel sur la consommation qui entrera en vigueur le 1er mars et doit notamment mettre fin aux "marges arrières" facturées par les distributeurs pour promouvoir les marques des industriels.
L'intervention du Premier ministre survient alors que l'Institut national de la consommation a constaté une flambée des prix de certains produits alimentaires entre fin novembre et début janvier, les hausses atteignant parfois près de 50%.
De 31% à 45% d'augmentation pour les spaghettis, 17% à 40% pour les yaourts, 10% à 44% pour le jambon, "ça n'augmente pas, ça flambe !", lit-on dans l'étude de l'INC à paraître dans le magazine 60 millions de consommateurs.
"Grandes marques, premiers prix ou marques de distributeurs, aucun type de référence ne semble épargné, même si toutes ne brûlent pas avec la même ferveur", écrivent les auteurs.
D'après l'Insee, l'inflation sur un an en France a atteint 2,8% en janvier, son niveau le plus élevé depuis près de 16 ans, tirée par les produits alimentaires et l'énergie, en hausses respectives de 1,4% et 0,8% sur un mois.
Pour constituer le dossier de 60 millions de consommateurs, les prix de 1.055 produits ont été relevés et comparés les 26-27 novembre et les 8-9 janvier sur les sites internet de cinq enseignes de distribution.
http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20080225/ ... f96_1.html