Les Krehnas.

[Asuo Xetesk]

Nul ne peut prétendre connaître tous les peuples, toutes les coutumes, toutes les histoires. Même les plus érudits, ou encore les plus anciens livres des plus grandes bibliothèques ne peuvent tout savoir.

Un dicton disait "Il ne sert à rien de regarder au loin, si l'on ne sait pas où on met les pieds".

Ce que les hommes retiennent, c'est ce dont on parle. Mais il est de nombreuses minorités, bien plus anciennes et mystiques que les grands peuples mélangés, dont on ne parle pas, dont personne ne connait l'existence. Car loin de la majorité, tous n'ont pas le désir de se faire connaitre du monde qui l'entoure.

Si on cherche à s'interesser aux cultures nomades, on pourra y retrouver le nom des Krehnas.
On ne peut exactement situer leur localisation, mais beaucoup diront qu'on les croisait le plus souvent dans les étendues arides et desertées, d'autres rapporteront en avoir vu jusqu'à Atlantis; d'ailleurs, on ne peut affirmer s'ils existent encore, leur nombre aurait diminué.

Les Krehnas affirmaient leur appartenance ethnique par une forte intégration à leur religion, leur mode de vie, et leur passé.
N'importe lequel d'entre eux aurait pu vous comter la légende du Sable Noir, ou encore de l'illustre Rivaah 'Kah, si vous en aviez le privilège.
Leur culture, très riche et peu divulguée, était en quelque sorte une essence commune, que chaque Krehna partageait, et étoffait.

On pouvait les dénombrer approximativement au nombre d'une centaine, certaines légendes disaient qu'il ne se reproduisaient pas "naturellement".

Très mobiles, les Krehnas n'avaient pas un esprit de conquête ou de pouvoir. Car selon eux, le pouvoir comme on l'entend n'était toujours qu'un but illusoir auquel on essaye en vain d'atteindre.
Parfois marchands, parfois artisants à l'approche de petites villes, ils n'avaient pas de mal à se méler au commun des mortels, même si personne ne connaissait jamais précisément le but de leurs venues.

Il était cependant non difficile d'en distinguer un, ne serait ce que part ses vêtements. Habituellement vêtus de noir, de pourpre, de rouge profond et parfois même de feuille d'Or, leur visage et particulièrement leur regard trahissaient la culture Krehna, du moins face à ceux qui le pouvaient.
Une allure méfiante, une droiture comparable à celle d'un homme militaire, les Krehnas ne divulguaient rien. Si l'on était désireux d'en savoir plus sur eux, le mieux étaient de se fondre au décor, et de tenter de faire parti de leur quotidien.

Très attachés aux liens du sang, ils n'avaient confiance qu'en eux même, et en leurs croyances. Certains voyageurs intrépides racontent encore d'épouvantables histoires de ce qu'ils auraient retenu de leur court voyage avec les Krehnas. Ce qu'ils ne disent pas, c'est pourquoi et comment ils se sont tous retrouvé mutilés de leur index droit.

Des bruits courent que certains Krehna auraient été aperçus, après une longue et discrête période, ceux ci auraient reprit leurs activités ...

"Lesquelles ?"

Si vous promettez de ne pas déformer la Légende, vous saurez la suite.

[Asuo Xetesk]

Parmis ces activités, on pouvait compter l'art au combat.

Les Krehnas n'étaient pas comparables à un peuple de solides colosses, leur aspect évoquait plutôt une faiblesse physique, du moins aux premiers abords.

Généralement mince, assez petits, cette civilisation s'était formée ainsi de part son passé à parcourir les étendues désertes, dans la nature ce qui est petit est plus prompt à se dissimuler.

Mais ce frêle aspect était compensé par une certaine agilité.
Très légers, très mobiles, les Krehnas avaient su exploiter cette caractéristique au maximum. Dès leur enfance, on leur apprenait à maitriser leur corps, mais pas seulement dans le but de se battre.

Le corps et l'âme d'un Krehna étaient, parait il, distincts.
L'âme dirigeait le corps, le corps obéissait.
Mais la véritable force de ce dernier n'était pas sa rapidité à couper un tronc d'arbre, mais bien le nombre de mouvements et de gestes qu'il pouvait effectuer.

Ainsi l'exercice consistait à parfaire la maitrise et la liberté d'action entre le corps et l'âme.

"Mais alors, les Krehnas seraient des sortes d'esprits ?"

Pas vraiment au sens où l'entend, l'âme et le corps étant indissociables, on pouvait les considérer comme étant un être à part entière.

La différence se trouve à un point non perceptible pour ... presque tous les non Krehnas en fait.

La légende et l'origine des Krehnas se sont beaucoup effacé au fil du temps, mais certains passages disaient qu'à la naissance, les Krehnas n'étaient pas totalement constitués, le corps naissait, mais il fallait l'âme pour le contrôler.

C'est alors qu'une sorte de rituel très rigoureux était mis en place, en effet une naissance pouvait faire l'oeuvre d'un travail de nombreuses heures.

Ce rituel consistait à appeller le nouveau Krehna. On raconte que leurs âmes, formant à ce moment une essence unique, appellaient le nouveau membre. Celui ci se détachant alors de l'environnement, de la matière et même disait-on, des émotions reignants aux alentours.

L'âme appellée prenait forme, et rejoignait son corps. Un nouveau Krehna voyait le monde ... sous une autre forme.

On a rapporté, durant de nombreuses années, que les Krehnas étaient des monstres, des démons. En effet il pouvait arriver d'assister à une naissance dans le sang, parfois en compagnie de torture. Ce peuple n'avait pas de remord à façonner les nouveaux nés et de ce fait, il leur était possible d'aiguiller le devenir des plus jeunes.

Mais au contraire d'autres peuples, personne n'a jamais pu rapporter d'histoires de guerre ou de pillage concernant les Krehnas, car leurs inductions étaient autres.
Les hommes retiennent seulement ce qui se voit, et les Krehnas le savaient.

[Asuo Xetesk]

S'il y a un point sur lequel les Krehnas se sont bien dissocié, c'est bien sur leur notion et utilisation de la magie.

Avides de savoir, d'expériences et de diversité magique, certains passaient toute leur vie à effectuer divers travaux dans le but d'en tirer de nouveaux sorts ou sortilèges.

Il faut savoir que les femmes Krehnas, furent toujours plus enclines à maîtriser leur magie, il paraitrait qu'une de leurs divinités, une déesse, apprit la magie au premier Krehna qui se trouva être une femme.

Depuis, les femmes furent toujours craintes pour leur pouvoir qui pouvait parfois se montrer inmaîtrisable et devastateur quand il était mal travaillé.

La magie Krehna, aussi appellée Kraïr, ne peut être caractérisée comme celle des autres peuples que les Krehnas trouvaient trop étroite, primitive.

Quand on voyait à l'oeuvre un ou une magicienne Krehna, on comprennait que les runes choisies, les mots de pouvoir ne pouvaient identifier leur magie comme constructrice ou destructrice.

En théorie, un Krehna pouvait lier les deux, seules la volonté et les ambitions de son âme orientaient la puissance, la cible et l'effet d'un sort.

Plusieurs livres parlent notemment de maledictions, de sortilèges, d'objets de malheurs; tous intentionnés et soigneusement dirigés. Les Krehnas en étaient largement capables, mais s'ils décidaient d'agir de façon magique et mal intentionnée, c'eu été trop discrêt pour que l'on s'en aperçoive.

Leur magie emmanait de l'entourage. Les Krehnas utilisaient le Mana, un flux omniprésent, demandant une acceptation et une maitrise très rigoureuse pour être utilisé.
C'est une sorte d'énergie, que la plupart des mortels ne percevront sans doute jamais au cours de leur vie, mais qui peut s'avérer d'une puissance extrème, si elle pouvait être modelée ainsi.

Malheuresement ... ou heureusement, selon le point de vue, le Mana est instable, et vouloir le contrôler à grande dose peut s'avérer extrèmement dangereux.

Les lieux magiques Krehnas, très discrêts car loins des grands temples et autres Eglises en apparence, regorgeaient de Mana. On pourrait dire qu'ils servaient de puits à Mana.
Aussi, si un krehna voulaient conserver une puissance optimale, il ne pouvait trop s'éloigner d'un de ces lieux, ce qui expliqua notemment qu'ils utilisaient rarement leur magie de façon offensive.

Néanmoins, la culture Krehnas, regorgeante de légendes et mythes, raconte encore qu'une branche Krehnas, plus reculée encore que ceux dont je vous parle, maîtrisait le Mana d'une manière bien plus libre. Les maîtres Kraïr auraient percé le moyen se s'immerger dans le Mana, laissant ainsi place à d'infinies possibilités.

Nombre de leur travaux étaient portés sur les liens entre l'âme, le Mana, et les éléments constituants le monde.
Un oeil non avertit ne pourrait voir ce qu'il se déroulait lors des expériences magiques des Krehnas, il paraitrait aussi qu'ils étaient ornés d'une sorte ... d'indifférence vis à vis de l'attention des Esprits de ce monde.
Que Rivaah 'Kah les préserve d'un tel malheur.

Une magie très mystérieuse, très peu connue, mais d'une richesse sans limite. Peut être que les Krehnas encore présents auraient reprit certains travaux ...