Le mensonge, et l'espoir illusionné d'Anathorne.

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Nausicaa Ironfist
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Le mensonge, et l'espoir illusionné d'Anathorne.

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Le mensonge, et l'espoir illusionné d'Anathorne.


Majestueuse, la nuée s’élevait à l’horizon et semblait s’étendre vers le ciel dans une longue traînée volatile, couronnant dans un élan superbe l’abîme rougeoyant…
Assis sur le rebord de la fenêtre, c’est là le spectacle qu’il aurait été donné de voir au prince Natanael… Si la vue ne lui avait pas été arrachée. Les yeux clos, le visage détendu et serein… Rien ne semblait perturber sa quiétude. La brise, légère et tiède, s’était levée, et venait porter à ses narines l’odeur caractéristique de souffre qui s’échappaient des gorges des volcans. L’oreille attentive, le jeune homme écoutait… Le silence. S’attendait-il à être interpellé ? A ressentir lui aussi ce que le seigneur Crecent lui avait confié avoir ressenti ? La présence de ses défunts parents, ancrée dans ses terres… Une essence palpable. Quelque chose qui, pour lui, demeurait pour le moment un mystère…
Du néant de ses idées jaillit une pensée, un souvenir… Celle-là même qui le hantait depuis la mort de sa tendre mère. Anathorne. Tout semblait le ramener à cet homme. La guerre, les événements… le hasard. Alors qu’il s’était trouvé face à lui nombre de fois au cours de ces derniers jars, n’avait-il pas songé à lui dévoiler sa présence. A lui conter de quelle façon s’était éteinte la femme à laquelle celui-ci avait dévoué ses actes. A lui révéler l’existence d’un enfant, dont jamais les yeux ne s’étaient ouverts sur le monde des hommes. Natanael se souvenait d’un discours… d’une requête.

« Ne révélez pas à mon seigneur la mort de l’enfant… Cette nouvelle anéantirait le moindre de ses derniers espoirs… »

Ainsi avait parlé Batouka du Nesth, mandant au prince de demeurer dans le silence… et dans le mensonge. Mais cet acte, dans son non accomplissement, n’engendrerait-il pas un plus grand mensonge…

« Le seigneur Anathorne serait prêt à tout pour retrouver son épouse… ».

Les paroles du seigneur Crecent se répercutaient en écho dans l’esprit du prince. Yco semblait nourrir l’espoir de voir la guerre s’achever entre les deux partis…

Natanael se redressa et vint s’asseoir sur sa couche, majestueuse… et vide. Le menton posé entre ses mains, il songea. Si l’enfant était porté à Anathorne, comme l’avait évoqué le comte du Nesth, cette histoire trouverait sa fin…

Il en serait ainsi. Le silence devenait un poids trop lourd à supporter. Aussi, il entraînerait Anathorne dans l’erreur. Mais il n’en oublierait pas les dernières paroles de sa mère. Natanael garderait un œil sur l’enfant, ce faux héritier, dont le destin serait bientôt bousculé.



Quelques jars plus tard.

Un paysage morbide. Sur les arbres morts pendaient quelques étoffes déchirées. Une odeur nauséabonde s’élevait du marécage avoisinant le sentier, mêlée à une brise chargée de cendres et de poussières.
Natanael connaissait cet endroit. Il était venu y voler nombres de parchemins alors qu’il avait travaillé à la résurrection de son père. Un sombre souvenir. Cependant, il se rappelait des rites en l’honneur des divinités souterraines célébrés en ce lieu, éloigné des contrées habitées. Des sacrifices, des dons de chair et de sang… Des murs s’élevaient des plaintes, des incantations… des pleurs. Ils guidèrent le prince jusqu’à une ouverture, dans laquelle il s’engouffra, sans crainte.

Il en ressortit quelques hars plus tard, la bourse amoindrie. Sur son avant-bras courrait une plaie béante de laquelle s’écoulait un épais filet de sang. Dans ses bras, un linceul d’où s’échappaient des piaillements. Un nourrisson. Serrant l’enfant contre son sein, le prince quitta le lieu, sa marche accompagnée des derniers gémissements émanant des gorges du Diable…

Le futur condamné devenait à ce jour futur héritier.


Hrp : Il est clair que, pour les non-concernés par ce rp, personne ne saura que l'enfant est un ''imposteur". Officiellement, l'héritier sera bien l'enfant de Nausicaa et Anathorne.
Last edited by Nausicaa Ironfist on 29 Oct 2007, 12:32, edited 2 times in total.
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Nausicaa Ironfist
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Un sourire. Deux opales luisaient à la lueur d’une bougie. Le rire clair de l’enfant s’élevait dans la chambre comme un écho de gaîté que celle-ci n’avait connu depuis bien des années. Assis sur sa couche, Natanael berçait le nourrisson d’une chanson, légère et douce. Ce dernier observait son protecteur avec curiosité, riant, piaillant. L’enfant aurait été sacrifié si le prince ne l’avait acheté… Une vie contre une bourse d’or… Et cet être, qu’il tenait entre ses mains, attirait toute son intention, attisant en lui une flamme… étrangère. Un instinct. Doutait-il, à cet instant, de vouloir vraiment s’en séparer…
Le jour s’était levé, et la pénombre demeurait, éternelle. Pourtant, un rayon sembla percer au travers des épais nuages de cendres et vint illuminer ce tableau immobile. Cessant son prélude, le prince se leva lentement, en silence. Emmitouflant le nouveau né dans un pan de tissus épais, il lui murmura quelques derniers mots sur lesquelles le petit être s’endormit.

« Le seigneur Anathorne… Il s’en est allé vers le Nord. »
« Vers l’océan, Sire… »
« Peut-être le trouverez vous vers la falaise… Ses pas semblaient l’y mener. »
« A l’Est, c’tout c’que j’peux vous dire… »


La route fut éprouvante, et il fallut nombres de jars au prince pour trouver l’objet de son cheminement. Paisible, il veillait sur l’enfant comme un père et lorsque, à la nuit tombée, le vent de l’océan vint faire frissonner son échine, il cessa sa route. Déposant son Trésor dans un amas de couvertures soigneusement disposées, et fixées, il descendit de sa monture et avança au pas, guidant l’animal dans l’obscurité.
Le rugissement des vagues remontaient le long de la falaise, et grondait… inlassablement. Immobile et silencieux, l’homme se tenait, là. Seul. Le vent soulevait un léger tintement alors qu’il venait jouer entre les pièces de son armure, usée par les batailles. Anathorne de Carn. Le regard du Roi demeurait fixé sur l’infini, et sa conscience égarée ne semblait pas encore avoir décelé la présence du prince. Natanael était muet, la main resserrée sur les brides de son cheval. Continuer, ou de détourner. Le dilemme se répercutait sans son esprit. Ignorant ce martèlement insoutenable, il brisa le silence.

- Je suis à la recherche du roi Anathorne, et l’on m’a dit que je le trouverai au seuil de l’infini…

Le jeune aveugle parla d’un ton calme et paisible. Sa voix grave fut portée par le vent aux oreilles d’Anathorne qui se détourna de sa contemplation…

- C’est ainsi que l’on me nommait… Autrefois, répondit-il lentement, observant ce nouvel arrivant avec curiosité.

C’est ainsi que débuta le dialogue entre ces deux sages. Il fallut un moment à Anathorne pour retrouver dans les traits de ce jeune inconnu ceux de sa défunte épouse. Portant une main à ce visage jeune et tiré, la confusion naquit dans son esprit... Le souvenir, et la souffrance. En quête de vérité, il questionna le prince, avide d’en savoir davantage sur le départ, et la mort de sa bien aimée. Les réponses de Natanael furent brèves, mais celui-ci arracha au vieux roi les quelques doutes qui tourmentaient son esprit…

- Cependant… C’est une autre raison qui m’amène… Roi Anathorne, expliqua le prince au bout d’une longue discussion, alors que la nuit s’étendait davantage, plus noire et fraîche.

Se détournant de l’homme, il chercha à tâtons le petit paquet délaissé sur le dos de sa monture. Ses mains, venues bousculer la chose, lui extirpèrent de petits piaillements. Serrant l’enfant contre son sein une dernière fois, il revint au devant du Roi et lui dévoila cet Espoir à la lueur pâle de la lune. Anathorne scruta le petit être avec curiosité, et incompréhension.

- Votre fils… ? Lui demanda t-il d’un ton incertain.

Natanael, dans un geste lent, tendit l’enfant à Anathorne.

- Mon petit frère, répondit le jeune aveugle.

L’incompréhension se fit plus grande. Le nourrisson ne semblait âgé que de quelques mois.. Comment cela se pouvait-il…

- Votre fils, Anathorne, trancha Natanael, abandonnant l’enfant aux bras de son « père ».


Le mensonge fut celé. Cet enfant, originaire de l’Inconnu, devenait à cet instant l’Héritier d’Anathorne…

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Anathorne
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Musiques d'ambiances utilisées pour l'écriture

l'homme s'en allait, les pieds battant le sol
Des cadavres épars de quelques roses tombées
Oubliés aux creux des noirs, sombres vallées
Ou échouent ces espoirs , ces brides folles


A son poing fort d'une lame émoussée
Coulent les sangs des rêves éprouvant
Ceux qu'on ne réalisent jamais, et pourtant
Qu'on espère sans cesse au soleil levant

O damnation tu m'as donné le jour
Des yeux pour voir ce qui jamais ne sera
Aussi grand et beau qu'elle ne le voudra
Ce qui en moi je sent, dont hélas je suis sourd

Mais l'homme à force de sueur arrive aux sommets
D'où il observe le chemin rougis de pourpre
Ce monde couvert de cicatrices dont les hommes sont les croutes
Brulantes, blessures sans cesse purullentes qui ne se referment jamais

Les yeux emplis de larmes, les doigts se relâchent
Laissant le lourd couteau tomber aux pieds
D'une créature blanche qui de toujours l'observait
Douce chose tombé des cieux, offert aux esprits qui se las



Dans son regard d'azure, reflet des nuages
S'estompent les ombres en fin lambeaux
Laissant place au véritable, ce qui est beau
Ou la vie vénérable, règne sans partages

Je suis Yod lui dit-elle, l'enfant des rêves bleus
Ni de ce monde sans pareil, ni du tiens
Je vais et viens, dans la paume de ta main

L'homme ne comprenant saisit l'objet tombé
Mais fut bien surprit de n'y voir
Qu'une plume allongée, aux reflets du soir
A défaut de l'arme qui sans cesse portait

Je n'ais besoin de vous, hurla l'homme en sanglot
Ici ou ailleurs je ne suis rien, qu'un amas
De chaire, futilité qu'hélas on dévot

Et le voilà qui s'en va à reculons
Avant d'en retourner sur les pentes de la vallée
Qu'il cavale, et trébuche de ses membres blessés
Meurtris aux endroits ou ne sont ses haillons


Prophétie de Carn, traduction du haut Oréthornien.

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On avait souvent à penser de lui, un seigneur enrichie et avide de sa puissance, cerné par des vassaux fanatisés de ses habiles paroles. Et pourtant, qui pouvait se dire connaitre quoi que ce soit sur sa personne ? Débarqué bien trop jeune sur une terre qui n'était sienne, détaché de son peuple, il se présenta bien vite comme un enfant perdu et apeuré. Pourtant son éducation lui avait interdit de montrer le moindre signe de faiblesse, et s'il était petit ce n'était que pour bien mieux grandir. En ces premiers pas, sa parole non pas inspiré d'un sentiment franc, fut douce et bien acceuillie. Le champ de ses disciples s'élargissant, on pensait dans cette mince poignée encore bien faible à changer le monde, du moins créer un nouveau royaume de paix, justice et prospérité.
Ana voulait dire espoir, ce mot devint en lui seul sa devise.
Mais avec l'age vint les premières guerres, les premiers amis morts pour la cause. Au fur et à mesure que le temps passé, le jeune seigneur devenait sombre, songeur et pensif non plus plein de son enthousiasme débordant sur ceux qui venaient à le suivre. Il réfléchissait de longues secondes à ses réponses, pesant les moindres mots, là ou il aurait répondu instinctivement. Il apprit de ses erreurs, comprit ses échecs et se modifia en conséquence. Pourtant, même si le pacifique d'antan combattait en premières lignes désormais, toujours accompagné d'un fort régiment, cela ne ramenait pas ses amis plus nombreux à nourrir le sol.
Le processus ne venait qu'à empirer, car enrichie d'une puissance augmentant sans cesse, chaque guerre faisait plus de morts dans son nouveau peuple mais lui confrèrait plus de puissance, il restait aveuglé par ses idéaux, avec l'espoir secret de faire du grand, du juste, s'approchant d'Oréthorne.
Anathorne le bâtisseur, voilà comment il désirait qu'on se souvienne de lui.
Mais de l'omniprésente noirceur qui l'encerclait, un espoir revint, il eut un nom, Nausicaa.
En cette femme présente, l'aimant et le choyant, il avait découvert à nouveau l'humain en lui. C'était pris de nouveaux plans pour l'avenir avec désormais un fin sourire ornant ses lèvres, comme celui d'autrefois. Elle le bonifiait en quelques sortes, lui apportant une jeunesse qu'il n'avait goutté bien avant qu'il ne s'enferma dans les conseils ou enfilait son armure. Il avait voyagé de bien loin, la bas, derrière l'océan dans ces pays chauds ou les hommes parlent la langue d'or pour finalement la retrouver. Sa venu avait donc eu un sens, il n'était qu'un naufragé mais bien un pion du destin qui avait pour lui ses propres plans.
Hélas que ce temps fut éphémère, un simple souffle balayant les blés désormais fauchés. Il était retourné à la guerre, bien qu'ayant promis de ne plus tirer sa lame. Plus de retour à espérer, elle n'était plus là, le lit désormais vide d'une des deux présences. Morte, on ne sait ou.

Voilà a ce que songeait l'homme en armure, le visage rivé vers les eaux. La mer était pour lui la réponse à tout ces maux, elle lui avait donné la vie, l'avait porté jusqu'ici. Mais en quel but ? Ces derniers temps n'avait été que souffrance pour le seigneur, remué sans cesse par le souvenir perdurant. Son père, Thorne, lui avait interdit la faiblesse, il venait donc se cacher en ces lieux, là ou personne n'aurait à juger de sa meurtrissure. A quoi bon dans ces conditions être puissant parmi les puissant ?
Etait-ce une naissance de larme qui brillait son regard, ou bien l'humidité de l'océan quand un bruit derrière lui vint le retirer de son état ?


- Je suis à la recherche du roi Anathorne, et l’on m’a dit que je le trouverai au seuil de l’infini…


Anathorne.. Que cela voulait-il dire désormais ? C'était bien ainsi qu'on le nommait en effet, mais depuis longtemps le sens de ce nom ne lui semblait qu'un lointain echos de sa personne car chez les Oréthorniens, le nom est une partie intégrante de l'identité.

- C’est ainsi que l’on me nommait… Autrefois, répondit-il lentement, pesant le moindre de ses mots comme il en avait reppris l'habitude. Désireux de ne trahir ce qui le rongeait de l'intérieur. La conversation continua, rallentie par la songerie du seigneur. Mais


éblouis, il mit un certain temps à reconnaitre le visage de Natanael, il avança une main vers le jeune visage pour y sentir ses traits, être sur. En effet, c'était bien les traits de sa mère, ce visage qui lui rappellait tant de souvenirs. Le jeune homme prononça quelques mots, mais troublé, Anathorne ne put en prendre compte, il se retourna vers l'océan encore prit de son éternelle songerie.
Quand Natanael se présenta à lui, un enfant entres ses bras. Une des petites mains du nourrisson se tendait vers le seigneur, celui ci l'accueillit au sein de son épais gantelet en maille ne laissant paraitre que ses longs doigts, attendri par cette faible présence qui aurait pu être son enfant.

- Votre fils ? Intérrogea Anathorne, son esprit à moitié pris encore par les songes de sa femme.

- Mon petit frère, répondit-il en toute simplicité semant un doute terrible dans la raisonnement de l'Oréthornien.

- Mais.. Cet enfant n'a que quelques mois.. J'ai connu Nausicaa il y à de cela un bon moment, il est impossible qu'il soit issu de précédentes unions.

Un silence pensant vint, entrecoupé uniquement par le bruit des vagues en contre-bas venant s'échouer avec fracas sur les roches de la falaise. Il n'osait croire, il n'osait comprendre à cette chose qui dépassait de loin son entendement.


- Votre fils, Anathorne , enchérit-il tout simplement en tendant le nourrisson au seigneur, peu être, également touché par l'émotion qui emplissait le coeur de son interlocuteur.



L'enfant passa dans les mains du guerrier, qui à moitié tremblant tentait plus bien que mal de l'installer confortablement dans le tissu de sa cape dégraffée. Il en était venu à s'endormir au milieu des brodures. « Mon fils.. » Murmura t-il, très bas, instinctivement. Un doigt osa s'avancer vers le frèle visage « Elle aurait été tant heureuse de voir cela ».
On n'aurait pu savoir avec précision ce qui c'était passé à cet instant dans son esprit, mais il est dit qu'alors, ses sourcils éternellement à demi-froncés, se relachèrent lui offrant à nouveau un peu de jeunesse perdu. Ainsi commencait le nouvel age.

« Quand la lumière et le sombre ne feront qu'un, alors du dernier viendra le premier, comme le kosh, les forces s'uniront annonçant l'ana teos »
Prophéties de Carn, douzième bride.
La stratégie est la science de l’emploi du temps et de l’espace. Je suis, pour mon compte, moins avare de l’espace que du temps : pour l’espace, nous pouvons toujours le regagner. Le temps perdu, jamais.
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