[BG] Roddz

L'histoire d'Amtenaël
Mellion
Billou
Posts: 234
Joined: 05 May 2006, 21:47
Discord:

[BG] Roddz

Unread post by Mellion »

J’allais faire cette démarche décisive quand, à l’instant même, arriva vers nous au pas de course, fourbu, un cavalier à pied avec son casque renversé à la main, et puis tremblant et bien souillé de boue, le visage plus verdâtre encore que les feuilles des arbres. Il bredouillait et semblait éprouver comme un mal inouï, ce cavalier, à sortir d’un tombeau et qu’il en avait tout mal au cœur. Il n’aimait donc pas les lames tranchantes ce fantôme, lui non plus ? Les prévoyait-il comme moi ?

- Qu’est-ce que c’est ? L’arrêta net le Général, brutal, dérangé, en jetant dessus ce revenant une espèce de regard en acier.

De le voir ainsi cet ignoble cavalier dans une tenue aussi peu réglementaire, ça le courrouçait fort, notre Général. Il n’aimait pas cela du tout, la peur. C’était évident. Et puis ce casque à la main, surtout, comme un couvre-chef, achevait de faire joliment mal dans notre régiment d’attaque, un régiment qui s’élançait dans la guerre. Il avait l’air de la saluer, lui, ce cavalier à pied, la guerre, en entrant.

Sous ce regard de reproche, le messager vacillant se remit au « garde-à-vous », les petits doigts sur l’armure de maille des jambes, comme il se doit ces cas-là. Il oscillait ainsi, raidi, sur le talus, la transpiration lui coulant le long de la jugulaire, et ses mâchoires tremblaient si fort qu’il en poussait des petits cris avortés, tel un petit chien qui rêve. On ne pouvait démêler s’il voulait nous parler ou bien s’il pleurait.

Nos ennemis accroupis au fin bout de la route venaient justement de changer d’instrument. C’est à l’arc qu’ils poursuivaient à présent leurs sottises ; ils en craquaient comme de gros paquets d’allumettes et tout autour de nous venaient voler des essaims de flèches rageuses, pointilleuses comme des guêpes.

L’homme arriva tout de même à sortir de sa bouche quelque chose d’articulé :
- Le Capitaine Golfind vient d’être tué, mon Capitaine, qu’il dit tout d’un trait.
- Et alors ?
- Il a été tué en allant chercher le chariot à pain sur la route du lac, mon Général !
- Et alors ?
- Il a été décapité par nos ennemis !
- Et alors, par Oréthorne !
- Et voilà… Mon Général.
- C’est tout ?
- Oui, c’est tout, mon Général.
- Et le pain ? Demanda l’homme sur sa monture.

Ce fut la fin de ce dialogue parce que je me souviens bien qu’il a eu le temps de dire tout juste « Et le pain ? » Et puis ce fut tout. Après ça, rien que les flèches et du bruit avec.

Ce fût notre tour, pendant que nos archers tiraient, cinq hommes du régiment du Capitaine Helin partirent, avec lui, vers le nord derrière la colline pour que nous les prenions par le flanc.



J’ai quitté ma chambre d’homme de la ville avec ses meubles familiers sur lesquels j’ai si souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses livres qui m’ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi mon enfance et où, cette nuit, j’ai cherché en vain le sommeil. Et tout ce décor qui m’a vu grandir, pousser, devenir moi, me paraît aujourd’hui étranger. Ce monde qui n’est pas le mien est devenu un monde faux, dans lequel ma place n’a jamais existé.

Si ce jour-là, au lieu de m’embarquer avec le régiment, sur le navire, je m’étais caché dans ma chambre, dans mon domaine.
Si du loin du quai, j’aurais crié, hurlé ton nom ? Moi je n’ai rien dit. Rien…

Depuis, je me répète qu’il était trop tard, que si j’avais crié, cela n’aurait rien changé, que j’aurais simplement été accablé sous le poids d’un désespoir inexpiable. Pendant ces quelques secondes, il n’y aurait pas eu assez d’horreur dans le monde pour emplir ton cœur. C’est cela que je me redis sans cesse, depuis ce jour, depuis cette heure : « Trop tard… trop tard… trop tard… »
Mais peut être est-ce un mensonge que je mâche et remâche, dont j’essaie de me nourrir pour tenter de vivre…



Kayli,

Ma bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t’ai laissée là-bas au fond du monde, je suis parti si brusquement, sans te dire, sans te prévenir. Quand tu liras cette lettre, je serai déjà loin, loin de toi.
Ces jours en navire n’ont pas eu beaucoup d’ambiance, les soldats réfléchissent aux prochains jours. Sur les terres, ce fût plus plaisant, nous sommes arrivés au camp. Nous avons rencontré le Général Unathor, il nous commandera lors des batailles, ce n’est pas l’être le plus amical que je connaisse. On raconte qu’il n’a peur de personne, qu’il ne faut le désobéir.
Demain nous partirons près du lac, le Général, grâce à ses informateurs, pense que nos ennemis s’y trouvent. Notre première bataille.

J’ai écris cette lettre sur mes genoux, près du feu, la seule chose qui puisse encore me réchauffer sous cette pluie qui ne cesse de tomber.
Comme tu peux le voir je manque de place, je t’écrirai une prochaine fois et je profite pour te dire que tu n’as à t’inquiéter, nous sommes accompagné du Capitaine Helin, un homme bon et droit. Il ne nous lancerait pas face à l’ennemi.

Aléas ma tendre.
Ana es nea isilith.


Roddz




J’étais entouré d’homme d’armes accroupies, couchées, essoufflés.
Nous avions suivis notre Capitaine près de l’ennemi. Nous étions à leur flanc, on était tellement proche que l’on pouvait entendre ces hommes parler et les armes rebondir sur leurs armures lors de leurs mouvements. Heureusement, notre petit groupe de six ne fît pas un bruit.

Je jetai un regard discret, sous l’ordre de mon supérieur, sur le côté du muret où nous étions cachés.
Le Commandant de cette armée était planquée dans l’une de ces maisons, cette ignoble créature qui dirigeait les hommes comme des pantins et qui a ordonné de tuer de nombreux frères.

Deux hommes vêtus d’armure de plate noir, armés d’un bouclier et d’une épée, étaient notre seul obstacle si on ne se faisait repérer.

Ma tendre,

Si je t’écris, c’est pour dire que je suis encore en vie. Nous avons vaincu la menace mais les pertes furent lourdes et le Capitaine Helin en fait partie. C’était un brave homme ! Il fut enterré avec les autres dépouilles sur le bas de la route. Et Grâce à nos exploits, le Général m’a chargé de prendre le commandement de son régiment. J’essayerai d’être à sa hauteur.
Nous marchons à présent vers les montagnes On raconte que nombreux ennemis se sont installé dans cette zone. Peu importe le nombre, notre Général, lui, veut qu’on y aille.
Nous marcherons donc trois jours et trois nuits. Et pour couronner le tout, les renforts des vaincu sont à notre poursuite. J’espère avoir ta réponse avant la bataille.

Aléas.


Roddz




D’un pat lourd mais rapide, nos troupes Oréthorniènes prirent le chemin le long du fleuve.
Nous nous arrêtions que peu de temps lors de nos nuits blanches et la pause de boustifaille.
Nous savions que nous étions suivi, nous savions que nous allions nous battre.
Mais comment comprendre le Général ? Fuit-il ? Non, non… Il se dirige vers le camp, que fait-il ? Nous amène-t-il à la mort ?

Nous passions l’étape du deuxième jour. La route s’étrécisse et s’inclina vers le bas.
Sur la gauche, le sol montait, et sur la droite le fleuve continuait paisiblement son voyage.
Je regardai mes frères avancer, tête baissée jusqu’au moment où notre Général imposa une pause. Nous avions machinalement prit la nourriture mais celui-ci ne semblait dans l’accord.

- Je ne veux plus voir d’Oréthornien sur cette route ! Tout le monde sur le côté. Cria-t-il.

Nous poussâmes les chariots le haut de la montée et chaque Oréthornien se couvrit, invisible au regard de la route. Nous avions compris se que le Général voulait : une embuscade.
Mais nos adversaires étaient-ils aussi stupides ? Possible, ils nous ont bien suivi jusque là…
Même nous, Oréthornien, soldat de ce personnage, avions cru qu’il était devenu fou et qu’il allait tous nous jeter dans ce gouffre.
Il n’était pas si bête, finalement, notre Général.


Combien de temps sommes-nous là ? Couchés sur le sol, n’ayant la vue que sur l’herbe et le son des balancements des arbres sous la force du vent ? On n’osait même pas lever la tête, nous attendions le signal du Général.

Soudain un petit bruit attira notre attention. Un bruit sourd qui s’amplifia et qui se transforma en un bruit grave, comme le son d’un tambourin : Boum… Boum… Boum…
De plus en plus que le temps passait, de plus en plus le rythme accélérait et se multipliait. Peu après vint s’ajouter des bruits métalliques.

Ils étaient là… Tout près… À un moment on se demandait combien ils étaient, plus nombreux que nous sûrement mais le chemin était tellement étroit que le défi était relevable.

Tout en retenant notre respiration, nous regardions notre Général, caché derrière un arbre, derrière des branches sans feuilles. Il sorti doucement son arme et le leva en l’air sous le bruit intense des pats.

Il baissa violemment son arme sur les branches devant lui qui tombèrent sur le sol.

En un instant, nos hommes se levèrent et s’élancèrent face à l’ennemi, poussant des cris de gloire pour leur Seigneur ou leur divinité. L’adversaire était nombreux mais était serré sur cette petite route qui empêchait leurs mouvements.
Je fis comme la plupart de mes frères, d’un coup de bouclier, on envoya des hommes au sol et d’autres tomber dans le fleuve.

Il fallut trois quarts d’une minute pour que ceux d’en face s’organisent. Beaucoup de leurs hommes étaient au sol ou dans le fleuve, sous leurs poids de leurs armures.



- Quelles sont les pertes ?
- Nous avons perdu un quart de nos hommes, Général.
- C’est parfait ! Nous allons continuer notre route jusqu’à ce campement.

Dit-il tout en indiquent un endroit avec son index sur une carte.

- Mais mon Général ! Nous ne sommes que peu nombreux ! Nous risqu…
- Capitaine, je ne vous garde pas pour que vous discutiez mes ordres, si vous êtes là c’est pour obéir et agir !
- Mais mon Général !
- Ne discutez pas !
- Mais ! Général ! Laissez au moins quelques jours aux troupes ! Elles sont à moitiés mortes ! Vous allez les achever !

Il fit un geste avec son bras pour que je dispose.
Je tournis sur mes talons en direction de la sortie.

- Je leurs laisse un mois, rien de plus. Le temps que j’organise tout.

Il s’était réfugié au coin de sa tente, soucieux, sa main au menton.
Je n’allais pas le laisser faire.



- Amenez ceci au Seigneur au plus vite.
- Bien mon Capitaine.

Un homme à armure de cuir, armé d’une épée et d’un petit bouclier se tenait devant moi.

- Vous vous arrêterez juste pour manger et dormir, vous achèterez un cheval frais à chaque auberge jusqu’au port où vous prendrez le premier navire.

Je lui tendis deux bourses remplies de Filitis d’or et une autre lettre.

- Celle-ci est pour la demoiselle Kayli, vous lui remettrez, l’adresse et son nom se trouvent au dos.
- Bien mon Capitaine, j’y vais de suite.
- Tosh Oréthorne fe enmaneri ere.
- Tosh Oréthorne fe enmaneri.



Plusieurs jours passèrent et un homme à cheval, semblable à celui que j’ai envoyé, arriva accompagnés de deux autres hommes. Il s’adressa à un Oréthornien du camp et celui-ci me désigna du doigt.
Je me trouvais un peu plus loin, à l’entrée de ma tente, occupé à regarder le remue-ménage des hommes.

- Réleas. Capitaine Roddz ?
- C’est bien moi.
- Le Seigneur m’envoie.

Il sortit une lettre de sa poche et me le passa en descendant de sa monture.
Je lus un instant la lettre avant de la refermer aussitôt.
J’appela deux de mes plus fidèles frères et nous dirigeâmes vers la tente du Général.



Nous fûmes accueillis à la sortie du navire mais… Où était-elle ?

Image



[HRP: J'aimerais bien l'améliorer, le complèter. Il risque de changer encore. Merci de poster vos critiques.]
Image
¤ Roddz ¤ > Soldat Oréthornien.
¤ Skilter ¤ > Chevalier Oréthornien.
Vidéo :
¤ L'Oréthornien Solitaire.
¤ Tu me manques.
Post Reply