Voyage au coeur de la Souffrance, partie I

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Hermès
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Voyage au coeur de la Souffrance, partie I

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C'est en regardant les ombres réagir de leur propre chef autour de lui qu'il avait compris que l'idée n'avait peut-être pas été si bonne. Les ombres autour de lui avaient la fâcheuse manie de déceler ses plus profondes envies et de les dépeindre à la vue de tous, un phénomène sur lequel il n'avait qu'un minimum de contrôle. Pour l'instant, les ombres semblaient paniqués par l'idée que leur maître avait.

Assis très droitement sur une pierre, sur l'un des plus hauts plateaux de la région de Midgard, l'Hibernien respirait l'air embrumé de la région sauvage. Il avait préparé le voyage peu de temps avant, et ne savait pas combien de temps il lui faudrait pour en revenir. Un voyage dans le monde des esprits n'avait jamais été chose sûre, loin de là, et tous n'avaient pas le don -ou le droit- de faire une telle expédition.

Sa méthode était simple. Forcer les esprits de l'ombre à lui ouvrir un passage. Comme toute l'ombre -y compris ses esprits- n'avaient aucun choix sauf celui de lui obéir au doigt et à l'oeil (un don unique manifesté depuis toujours), il avait pu faire en sorte, à quelques reprises déjà, de forcer un passage vers l'au-délà. Cela lui demandait un effort considérable, duquel il ne prenait généralement pas trop de temps à récupérer.

Il attendit la tombée de la nuit pour de meilleurs résultats. Les esprits de l'ombre y étant largement plus nombreux, il ne mit pas beaucoup de temps avant de les rassembler, et de les forcer à ouvrir une brèche suffisamment grande, pour qu'il puisse passer. Aussitôt traversée, la brèche se faisait refermer par de petits vers, représentants mineurs de la Stabilité, qui s'assurèrent de bien refaire la toile -en apparence si fragile- qui sépare les deux mondes.

L'elfe secoua un peu la tête, qu'il sentait un peu lourde. Il regarda autour de lui. Une brume épaisse qui lui bloquait la vision à plus de cinq mètres régnait, et pourtant il savait qu'il était observé par des dizaines d'êtres conscients ou inconscients, et sans qu'il le contrôle réellement, le sentiment de paranoia commençait déjà à le ronger. La torche qu'il avait mise dans ses vêtements avant la traversée était bien restée là. Les quelques enseignements de son illustre et vénérable mentor lui avaient servi: la torche, par sa volonté s'alluma instantanément lorsque l'elfe le voulut. Cela fonctionnait dans ce monde... simplement parce que c'était le rôle d'une torche que d'être allumée et d'éclairer, et que les évidences d'un monde sont la réalité d'un autre.

Il marcha longuement sur une route de terre, dans la brume, torche à la main. Les esprits de la forêt environnante ne voudraient pas l'attaquer à cause de la torche: un esprit de feu, par défaut. Pas un son ne pouvait se faire entendre, et c'était assourdissant pour l'elfe qui avait l'habitude d'avoir une excellente ouïe. Il se sentit perdre pied souvent, mais il osait ralentir le pas lorsqu'il le fallait. Il savait que s'il ne prenait pas les précautions nécessaires, il n'en reviendrait pas.

La brume s'écarta soudainement pour laisser place à une plaine dévastée, sur laquelle se battaient sans cesse et sans relâche des formes et des sonorités dont les caractéristiques ne semblaient pas exactement fixes. L'elfe, un peu chamboulé par ce paysage, jeta un oeil sur le champs de bataille pour mieux comprendre. Des petits êtres de fumée noire et blanche semblaient être aux prises contre des oiseaux de flammes gazeuses. Par la force de leur volonté, les esprits se faisaient désintégrer les uns après les autres, mais les plaines emplies d'esprits ne semblaient pas se vider. À mesure que la forêt, au loin, approchait d'elle-même sans que l'on ait besoin d'y marcher, les armées des deux côtés avaient souffert suffisamment de pertes pour que les survivants s'évaporent de leur propre volonté dans l'air, restaurant ainsi l'air que l'elfe, un peu paniqué, n'avait pas respiré depuis son arrivée dans la bataille.

Il avait été chanceux, il n'avait pas été touché par la bataille qui avait formé des cratères immenses sur la plaine, ainsi que laissé de la fumée corrosive et des flammes purgatrices à sa surface. Le ciel, vide, parsemé d'air jaune et de longues comètes violettes, fendait les quelques esprits tenaces qui tentaient d'y planer.

Décidément, Asmodée ne se ferait jamais au monde des esprits.
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Voyage au coeur de la Souffrance, partie II

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Il avait marché longtemps. Combien de temps exactement, c'était difficile à dire, considérant que dans le monde des esprits, le temps n'existait pas réellement. Ou du moins, c'était probablement l'un des concepts les plus fluctuants et flous de cet univers. Il aurait pu marcher 2 semaines et parcourir 10 mètres, ou avancer de 300 kilomètres en quelques minutes. La distance était spirituelle, elle n'avait rien de physique. En outre, Asmodée était bien satisfait de ne pas être la victime de la fatigue, ici.

Ses pieds parcouraient une marée de scarabées, et c'est sur eux qu'il avait trouvé l'endroit le plus solide pour faire les derniers pas de sa longue marche. Cette route improvisée composée d'insectes l'avait bien mené à "bon port": les portes du plan de la Souffrance. Il s'agissait de l'entrée la plus typique qui soit, dans l'idée de la porte aux enfers très générique: d'immenses portails en fer forgé, noircis par la chaleur ou les flammes occasionnelles. Le métal avait manifestement été tordu par la force d'un puissant démon qui en avait fait des longues barrière et une porte plus intimidante encore que ses gardiens. L'architecture très évidemment démoniaque de l'entrée du plan ne dévoilait pas sa nature autant que ses habitants qu'on pouvait déjà entendre à l'oeuvre, au loin.

La lumière rouge qui se dégageait de ce qui semblait être l'entrée latérale d'un volcan actif dont les parois recouvertes de lave noire gluante était tout ce qui permettait de voir quelque chose. Les gardes, au nombre de huit, semblaient s'amuser en tricotant les muscles et les nerfs de divers animaux toujours bel et bien vivants. C'était tout un art pour un démon de la Souffrance qui avait une éducation minimale. Les animaux laissaient aller des cris qui perçaient l'infinis, et c'est ainsi qu'Asmodée y perdit brutalement son tympan gauche, qui éclata sans hésiter au puissants vagissements des esprits torturés. Son oreille droite résista de justesse, et il la couvrit jusqu'au moment où il put se rendre aux immenses portes de fer.

Il avanca vers les gardes, qui prirent un moment pour le considérer, arrêtant leurs activités durant un court moment, ce qui donna un appréciable moment de repos à l'oreille droite de l'elfe. Le plus gros des gardes, sans aucun doute leur chef, s'avança vers l'arrivant, confiant, pesant et brutal. Il était noir, et ses ailes de chauve-souris étaient repliées dans son dos. Son visage replié sur lui-même vers le haut, ses nasaux énormes dévoilaient presque l'intérieur de son crâne. De ses dents immenses, d'un bleu tellement foncé qu'il en reflétait la lumière, dégoulinait un liquide translucide dont l'odeur aurait pu faire fuir les pires rapaces. Son corps était puissamment musclé, et sa nudité laissait voir qu'il était clairement hermaphrodite, ce qui était indescriptiblement dérangeant. Ses mains avaient un nombre de doigts presque incalculable, et leurs formes et leurs mouvements rappelaient ceux d'une pieuvre.

Asmodée se risqua à prendre la parole. Il avait supposé, selon les enseignements de son mentor, que des esprits dans ce genre voudraient probablement qu'on ne recule pas devant eux, pour ne montrer aucune peur, aucune faiblesse.

- Laisse-moi passer.

Le démon le considéra durant un instant, et du haut de ses 4 mètres, il scruta le petite être aux oreilles pointues.

- Je suis des nôtres, et j'entre, frère.

Tous les démons autour continuèrent leurs activités à ces paroles, et l'immense démon observa Asmodée encore un moment avant de hocher la tête avec contentement et de lui aussi retourner jouer avec son panda éventré.

---

Seule la lave qui coulait des murs émettait une faible lumière à l'intérieur de l'immense réseau de cavernes. Les bruits provenaient de partout, et les habitants du plan de la Souffrance étaient plusieurs millions, sans compter leurs otages, leurs prisonniers, leurs esclaves, leurs jouets. Asmodée y mettrait probablement plus de temps à trouver sa cible qu'à vivre au vie humaine au complet, et il n'y tenait pourtant pas particulièrement. Il avançait dans les couloirs, tantôt froids, tantôt brûlants de la caverne, en y observant les divers esprits qui étaient accrochés aux instruments de torture les plus inimaginables. Même des mortels qui avaient vendus leurs âmes à des démons y étaient accrochés, ne s'étant probablement pas attendu à cette fin, en échange du piètre avantage duquel ils avaient dû jouir durant leur vie.

- Je ne t'ai jamais vu ici. D'où proviens-tu?

Il venait de voler 2 mètres plus loin: le solide démon qui venait de l'accoster l'avait à peine touché, et déjà sa puissance l'avait presque fait voler au mur. Demeurer fort devant de telles monstruosités n'allait certainement pas être une cinécure.

- J'avance comme je recule, et j'avance ici, fort de la Souffrance, pour y trouver le dû de mon existence.

- Le Lac est pour toi, frère. Et ton dû te sera donné. Je t'y apporte.

Mauvaise nouvelle. Les esprits, et surtout les démons, étaient réputés pour être des traîtres et des profiteurs dont la conscience n'était certainement pas humaine. Asmodée s'attendait déjà à un lac d'acide ou de lave, et à s'y faire jeter dès qu'il l'atteindrait. Ce genre de "coutumes" étaient monnaie courante dans les plans occupés par des démons.

À leur arrivée, déjà bien d'autres démons s'étaient rassemblés autour de l'endroit: un lac d'or fondu, bouillant, empli d'esprits, de démons et d'âmes qui s'y noyaient et s'y brûlaient perpétuellement. L'idée d'avaler quelques gorgées d'or liquide bouillant ne plaisait pas à Asmodée, et déjà son vif esprit essayait de trouver une solution. Il était presque évident que tous n'attendaient que le moment où le nouvel arrivant se ferait mettre la tête sous le bouillonnant liquide doré. Il consulta brièvement son ombre, dont les mouvements moqueurs trahissaient un amusement très ouvert. Mais la communication entre les deux entités, Asmodée, et son ombre, fut instantanée.

- Si je péris ici, tu pars avec moi. Rends-moi service, et je te le revaudrai lorsque nous en serons sorti. Pour toi, pour moi.

- Tu me fais plaisir. Je suis cher.

Prestement, le démon, qui arrivait près de l'étendue ardente, voulu agripper Asmodée, mais la peau et les yeux de sa victime tournèrent au noir soudainement, comme si une noirceur interne venait de le submerger. Le bras de l'être d'ombre s'étira, et on entendit des os craquer comme il atteignait l'intérieur du torse du démon et le plaqua au mur. L'ombre qui flottait derrière l'elfe atteignait maintenant des proportions monstrueuses, et passa trop vite pour que l'oeil moyen puisse la percevoir. Sa cible: la tête du démon, qui dévoila quelques secondes plus tard un visage dont les mâchoires (oui LES mâchoires) avaient été violemment arrachées. Prenant ce qui lui restait de gorge comme poigné, Asmodée - ou ce qui avait prit possession de lui - , tel un marteau pilon, enfonça la tête du démon dans le mur d'obsidienne environ quinze fois, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un jus sanglant de ce crâne. Son coeur lui fut arraché, et sans difficulté, le corps fut projeté dans la mare d'or brûlante. Un cri de guerre victorieux, tonitruant mais surtout contagieux, en provenance d'Asmodée parcouru l'assemblée: ce n'était qu'une formalité à passer, et son acceptation dans l'endroit venait d'être reconnue; il en valait la peine.

À peine quelques minutes plus tard, tous vaquaient de nouveau à leurs occupations, et Asmodée reprenait conscience.
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