[Background-Archive]Aegir

Les histoires sur les terres d'Amtenaël
Nep
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(Note)Ceci est le bg d'Aegir disponible sur le site, je le colle ici pour qu'il reste disponible(Note)

"Terres mêlées"

Antonin Distino, Historien aégirien.
Préambule

Ce que vous lisez actuellement n'est en rien un résumé approximatif des racontars de tavernes, mais bel et bien une retranscription de notre histoire telle qu'elle a été. J'ai offert ma vie pour regrouper ces écrits, explorer chaque recoin, retourner chaque pierre de notre île. J'ai rencontré des créatures improbables dont la longévité fût une mine de connaissances.

Ce que vous lisez là est l'aboutissement de ma quête, l'achèvement de ma raison d'être mais aussi de ma raison. Aucune monnaie, aussi élevée soit elle, ne pourrait en faire d'un homme le possesseur. Ceci est l'histoire de notre monde.

Partie première
"Apocryphe"


Diverses races parcourent cette terre, ainsi a-t-il toujours été et le commencement de chacune d'elle n'a pas d'importance. Elles furent et forment encore le seul peuple d'Aegir. L'ancien monde leur donna un ordre de conduite : un Peuple, un culte. Il est dit que cet ordre, venu du fond des âges, fut établi par les Pères annonciateurs des dogmes divins. Ainsi tous vécurent et évoluèrent durant des siècles sans que personne ne cherche à vérifier les phrases sacrées qu'ils répétaient au levé du soleil. Ils se laissaient dire que le ciel et les abysses observaient attentivement leurs âmes incarnées, attendant patiemment une faille dans leur ferveur pour les emporter dans la froideur de la nuit ou la chaleur étouffante de la terre. Ainsi la Dévotion Pourpre leur enseignait ce qu'il devait savoir, leur culte. Par la peur ils étaient menés, par l'ignorance ils étaient gouvernés, mais au-delà de cela leur communauté survivait paisiblement. Mais inéluctablement, certains esprits rompaient petit à petit leurs entraves, enjambant lentement le mur d'apocryphes dressé devant eux et découvrant un visage encore inconnu d'Aegir.

Le pragmatisme vint à repousser complètement l'ancien dévouement aveugle hors de certaines cervelles. Elles se réunirent sous le nom des Eveillés dont Carlindo Graam pris la tête. Ces derniers s'enfuirent et se réfugièrent dans des régions lointaines où le Peuple n'était pas présent.

La Dévotion Pourpre ne toléra pas ce pli malpropre au tissu religieux et envoya sa milice tout juste formée pour corriger ces dissidents. La dite milice ne revînt pas et les Pères furent épris d'une profonde exaspération en réalisant quel était le nombre de leur membres formés qui s'étaient convertis à cette nouvelle hérésie.

Aussi redoublèrent-ils d'efforts et de droiture pour forger et meurtrir d'autres soldats, au nom de l'Ordre, qu'ils envoyèrent se confronter aux Eveillés. Mais les années passèrent et les rares survivants de ces expéditions macabres revenaient avec si peu de vitalité, qu'une fois leur rapport fait ils succombaient à leurs blessures.

La Dévotion Pourpre n'eut de choix que d'ignorer les Eveillés, menaçant de mort ses fidèles qui tenteraient de les rallier.

Partie seconde
"Collusion"


La terre se tassa de plusieurs décennies et les Eveillés furent pratiquement relégués au rang de légendes racontées à voix basse tard le soir. Mais le mythe redevint réalité lorsque Carlindo, le visage marqué par les années, fit son apparition suivi de cinq cents des siens. Ils n'allèrent point narguer les Pères, mais parcourirent les champs et villages, offrant aux adeptes potions et soins, vêtements confortables et paroles hérétiques sur une réalité que peu arrivaient à cerner. La Dévotion Pourpre répliqua immédiatement en brûlant publiquement tous les Eveillés qu'ils purent capturer. Cet acte n'eût pas l'effet escompté et devant l'horreur des corps de leurs frères déchirés par les flammes, le peuple se révolta contre le culte. Le sang de la guerre teinta l'eau des rivières comme un ultime et sombre hommage à la société mourrante.

Calindo Graam refusa qu'on applique aux quelques membres encore dévoués du Culte ce qu'on avait infligé aux Eveillés. Il détermina donc des règles de bienséance pour qu'ils soient tolérés en minorité dans les sphères d'une nouvelle société : la Collusion.

Amtenaël vieillit de neuf cent années et le peuple d'Aegir évolua de façon démesurée. De titanesques machines volaient dans le ciel par la force du feu et du vent, transportant des êtres par centaines d'un point à l'autre de l'île et même au-delà. Une ville mécanique fût bâtie à l'est de l'île. La Dévotion Pourpre disparut au profit d'un nouveau culte : Le Temple Extatique. Ce dernier ne se contentait pas de prêcher la parole divine qui semblait venir d'un être élu du passé, mais elle vénérait également l'avancement technologique qu'avait connu la Collusion.

Aussi lorsque ses fidèles demandèrent leur indépendance au Conseil des neufs, gouvernant la Collusion, ils furent envoyés au nord sous le contrat d'accords commerciaux. Les deux communautés firent bon usage de cette relation pendant de nombreuses générations.

Partie troisème
"Pugilat"


Imprégné de sciences entachées d'explications ésotériques, le Temple Extatique eut la révélation de l'Avatar : un être de fer, de bois, de cristal et de chair à l'effigie du prophète aimé et pourtant inconnu de leur dogme. Ainsi, de pères en fils, des ouvriers allèrent se sacrifier à leur sainte tâche : la construction de cet être, sur la côte ouest d'Aegir, loin de leur ville de pierre située dans le grand nord.

La Collusion ne comprit le but du chantier qu'après quatre décennies. Ils découvrirent alors l'effroyable chose qu'était l'Avatar proche de son achèvement, d'une taille dantesque, faite de monceaux de chairs maintenus ensemble par des pièces de métal et de bois. De long filigrane d'or reliaient des cristaux enfouis dans ses entrailles endormies et la puanteur fétide de sa décomposition saturait l'air à des kilomètres.

Les scientifiques effrayés demandèrent des rapports à leurs espions envoyés au sein du Temple Extatique et oeuvrèrent à la construction d'une arme capable d'affronter une telle monstruosité. Ainsi naquit le projet du Protecteur ailé. Disposant de plus d'hommes et étant libre de toutes entraves religieuses, la Collusion eu le temps d'achever son propre monstre de métal : un dragon d'acier animé par le rayonnement de l'astre solaire et d'une envergure improbable.

Quelques mois passèrent dans la crainte chez les deux camps d'une attaque et ce fût le Temple Extatique qui, prônant sa propre indépendance, cessa toutes relations commerciales. La Collusion envoya en réponse un groupe diplomatique à la rencontre du haut prêtre Extatique. Cette tentative pacifiste se solda par un échec cuisant et le Temple, agacé par l'insistance de la Collusion, eut soudainement une nouvelle révélation. Un pieu de métal d'une taille cyclopéenne fût dressé vers le ciel, la base ancrée dans le corps même de l'Avatar et lors des premiers orages saisonniers la foudre vînt frapper l'abomination à trois reprises. Dans un vacarme monumental, la titanesque horreur du temple Extatique se redressa et le géant foula la terre de son pas.

L'Avatar avança lentement en direction de la grande cité de la Collusion, faisant trembler la terre à chaque pas, affaissant le sol. La Collusion envoya à sa rencontre le Protecteur ailé l'arrêter et un combat épique débuta dans les plaines de Faraheim. Durant trois jours les deux titans s'affrontèrent. Chaque fois que le dragon de métal relâchait ses assauts, l'Avatar avançait indéniablement en direction de la citée technologique. Le Protecteur eut presque raison de l'abomination organique, mais elle arriva tout de même aux portes de la ville en se trainant sur le sol. Une partie de la population tenta de prendre la fuite, se ruant vers le port pour prendre la mer, se marchant les uns sur les autres pour embarquer dans un de ces vaisseaux volants ou encore se terrant dans les caves. Mais à peine un quart des habitants réussit à se mettre à l'abri. L'Avatar se tînt au milieu de la ville, telle l'ultime représentation de la mort qu'il incarnait, et dans un dernier choc avec le Protecteur ailé explosa, pulvérisant tout ce qui se trouvait vivant ou non dans les kilomètres environnants. Le dragon de métal fut projeté contre la montagne du nord et enseveli sous les glaces pour l'éternité. Son squelette de métal y repose encore aujourd'hui. L'explosion ne laissa rien de la Collusion à l'exception d'un désert de cendres avec en son centre un trou béant, d'une profondeur aliénante dans ce que nous nommons aujourd'hui la Plaine des larmes. Un nuage de vapeurs toxiques, composées de poussière et de souffre, recouvrit la moitié de l'île et la surface d'Aegir fût déserte pendant les deux cent quatre-vingt années qui suivirent.

Partie quatrième
"Affliction"


Au bout de ses deux siècles et demi, la civilisation revint petit à petit. Les générations survivantes de l'apocalypse quittèrent les îles ou elles s'étaient réfugiées et ceux qui trouvèrent asile dans les entrailles d'Amtenaël revinrent à la surface. Ils trouvèrent un monde sauvage dont la faune, majoritairement composée de prédateurs, se battait pour la possession des quelques ressources disponibles au milieu des ruines encore debout et d'une flore étrangement luxuriante. Quatre siècles de chaos social et de reconstruction commencèrent.

Les peuples oublièrent peu à peu l'histoire du combat entre la Collusion et le Temple Extatique. Les légendes ne restaient vivantes que dans la bouche des ancêtres, après plusieurs chopes alcoolisées dans les rares villages primitifs du sud de Munin. Le savoir se perdit dans les regrets et le mutisme général d'une comédie avilissante. Tous avaient alors oublié quelles créatures avaient été engendrées par le cataclysme.

Les nouveaux habitants définirent cependant leur retour sur Aegir comme étant l'an zéro, mais il fallu attendre l'an quatre cent vingt-cinq pour observer une nouvelle cohésion pleine d'espoir se former, transformant les huttes des premiers jours en belles constructions solides de pierres et donnant naissance à la ville d'Engara dont le premier maire fut Alactic Eron.

Ainsi s'est déroulée l'histoire d'Aegir. Je terminerai ce texte par ces quelques mots : nous sommes aujourd'hui en l'an Sept cent soixante, Reihd Egar a succédé à Alactic Eron et la population actuelle semble à nouveau respecter l'ordre de conduite de l'ancien monde : un Peuple, un Culte ; le culte de l'ignorance...



*Le livre se poursuit sur diverses sources qui ont servit de base à sa rédaction agrémentées de commentaires de l'auteur*
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