Ashen des Claires Cendres

[Ashen]

Le Nouveau-Monde

Une légère brise marine soufflait sur le navire marchand, faisant remuer les voiles et donnant une odeur de varech au pont souillé de moisissures. La frostalf, peu ennuyée par ces incomoditées, se tenait au bastingage observant les côtes d'Aegir qui apparaissaient au lointain. Elle était grande, distinguée, hautaine. En somme socialement toute repoussante, bien que d'un joli minois. Elevée par quelque grande famille aristocratique des îles côtières. Le genre qui se retrouve facilement au milieu d'une bande de marins patibulaires en voulant à sa nature féminine sur un navire presque désert...

Deux bretons presque jumeaux, un valkyne avec une patte en moins, et un nain à la gueule ravagée par l'alcool la lorgnaient d'un mauvais oeil, elle les avait repéré depuis quelques minutes s'approchant de sa position habités de perversion et de lubricité. Elle toucha la paume de son poignard camouflé sous ses vêtements amples de voyage et jeta un dernier coups d'oeil vers les côtes avant de se retourner pour faire face au nain, visiblement le maigre chef de la bande.

- Mais qui voilà donc ! Madame s'ait rotir l'pif au soleil d'Aegir ?
- M'est avis qu'elle veut autrrrrre chose ! commenta le valkyne.
- Pas qu'un peu...
- Héhé !

Une grimace de dégoût apparue sur les fines lèvres de la frostalf. Ce dégoût pour la vulgarité et la simplicité, au délà de toute considération morale, ces gens la dégoûtaient par leur inculture, leur bêtise et leur folie même...

Elle prit la parole d'une voix haute et clair qui ne laissait doute à aucun sous entendu.

- Vos traîtres paroles m'annoncent une triste nouvelle. Ne voyez-vous pas la mort arriver ?

Interloqués par tant de bravoure, le nain eu un hoquet.

- Hein ! Quoi ? Qu'est-ce tu dis pauvrette ?!

Et le valkyne se rua pour la saisir alors qu'un flot de sang jalli sur le bois usé du pont. La gorge ouverte, il tomba à genoux pour s'affaler sur son compagnon de petite taille tâchant ses vêtements de lin de son flot vermeil.

Elle eu une mimique hautaine et le regarda droit dans les yeux.

- Je chasse les valkynes depuis ma tendre enfance, nabot. Ne t'avise pas de m'approcher ou il t'en coûtera le même sort... Disparais !

Les trois marins, hésitant, se ruèrent sur le pont sans plus s'atarder, ne voulant pas rester au milieu de cet incident et craignant sans doute la punition du commandant. Sans même un sourire, elle se retourna pour essuyer sa lame dans un mouchoir de soie et la ranger à sa place. Après deux mois de voyages, la voici arrivée sur les terres d'Aegir, celles de ses ancêtres...

Les Claires Cendres, une famille illustre de propriétaires terriens qui n'ont jamais reculé devant l'esclavage ou les guerres de clans pour se garder leurs terres. La légende dit qu'ils étaient ainsi seigneurs sur Aegir, avant de devenir un des nombreux clans qui ensanglantèrent les mers et les océans de leur piraterie. Etablis depuis plus de deux cents ans sur l'île de Claires Cendres, la famille et son clan ont fait longtemps parler d'eux pour leur froideur, leur inhumanité, leurs massacres, leurs pillages et leur sens impitoyable de la justice privée et de la revanche. Majoritairement frostalf, mais comptant de nombreuses branches elfes, et d'autres races depuis ces ans, elle est l'une des dynasties des plus respectées et craintes dans les Iles extérieures. On dit même que leurs coutûmes se composerait de chasses humaines, essentiellement valkynes, lors des rassemblements familiaux. En effet, ses membres semblent garder une profonde antipathie pour les chiens qui doit remonter aux guerres pirates avec les nombreux clans valkynes d'alors.

La frostalf après un autre coups d'oeil dans son dos ouvrit un manuscrit et fit un pas vers le géant firbolg qui arrivait avec une troupe d'une demi douzaine de marins armés de piques et de haches d'abordages.

- Je me nomme Ashen Clair Cendres, digne héritère de mon père Folios, membre du cercle intérieur de la famille Claires Cendres, maîtres incontestés des îles de Tabolsca, de Formosa, et de Claires Cendres, fondateurs du Conseil des Marchand Libres des Iles Extérieures, donateur et membre de la Guilde des Navigateurs et des Charpentiers. J'ai tué cette engeance de pourriture suite à sa tentative d'assaut. Voici la preuve de ma naissance. Y a-t-il un soucis messire ?

Le firbolg, qui en avait vu d'autres dans sa longue carrière ne se laissa pas désarçonner mais la prudence le fit hésiter.

- J'en ferai part au capitaine... Et... On verra à l'arrimage. Ne vous éloignez pas.

Le ponton du port de Knarr se chargea progressivement des marchandises venues des cales du navire. Plusieurs demi-ogres et highlanders soulevaient des masses énormes de caisses de fruits sechés et d'autres contenus exotiques. Sur le pont du navire quelques marins observaient la scène. Le Capitaine, un nain aux sourcils ébouriffés se confondait en excuses devant la frostalf. Celle-ci finit par descendre sur les quais et s'éloigner vers la ville.