[BG]Pierrette

Les histoires sur les terres d'Amtenaël
Jelena
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[BG]Pierrette

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Pierrette, sa vie, son oeuvre :


A la mémoire de Gros Bilou.


Billou jouissait d'une idyllique existence. Ses journées, lorsqu'elles n'étaient pas placées sous le signe de la paresse, étaient d'autant d'hymnes à l'hédonisme.

Billou battait la campagne, vagabondant à travers champs sans buts précis si ce n'étaient satisfaire de simples désirs. Désirs qui se résumaient bien souvent dans l'assouvissement des plaisirs de l'instant, qui au détour d'une rencontre, qui au détour d'une partie de chasse.

Mais lorsque la nuit venait, il s'en retournait d'un pas alerte à son foyer. Où toujours l'attendait une assiette de gourmet***, préparée avec la plus grande dévotion dont Pierrette pouvait faire montre.
Et, il n'hésiterait pas, à grand renfort de suppliques émouvantes, à réclamer un deuxième service.
Pierrette s'amusait de cette situation et se permettait de taquiner sa voracité en l'affublant d'un pronom et d'un épithète affectueux : « Mon Gros ».

Gros Billou, donc, s'endormirait ensuite sur Pierrette, au rythme de ses lancinantes caresses, la panse bien remplie et le crépitement de la cheminée en bruit de fond.

Gros Billou rêverait certainement de musaraignes et des jeux de l'amour avec Minette, la voisine, qui était dans sa période « estivale ».


La dernière pensée de Gros Billou serait pour sa journée sans prétention mais si merveilleuse de choses simples, qu'il en espérait la reproduction à l'identique pour le reste de sa septième vie.

Mais ce qu'il ignorait alors c'est que le reste de sa vie l'emmenait dès le lendemain matin, seulement.




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Un homme se présenta à la demeure de Pierrette. Les instruments de musique plein les mains, il s'enorgueillissait de séduire les femmes grâce à son doigté exceptionnel. En effet, le troubadour prétendit à Pierrette jouir d'une si grande dextérité qu'il lui été aisé de jouer de plusieurs instruments simultanément.

Joignant le geste et la parole, l'homme exécuta sa parade amoureuse dans une grande cacophonie. Mais, nullement impressionnée, Pierrette restait de marbre. Sous ce regard inexpressif, l'homme s'empourpra dans sa médiocrité.

Et, à ce moment, tout s'enchaîna.

Gros Billou, filait vers la sortie, les oreilles baissées, meurtri par un tel vacarme.
Le séducteur, visiblement décontenancé par son revers, perdit le fil (si jamais il l'eût possédé un jour) de sa partition. Le visage crispé, il ne pût retenir le pipeau qui glissait de ses lèvres...

Et chût sur le pauvre Gros Billou qui passait à grande vitesse. Il reçu le bec de flûte dans un œil qui explosa littéralement sous l'impact.
Devant cette scène immonde, où un chat, l'oeil crevé, se débattait à ses pieds de douleur, l'homme lâcha le reste de ses instruments et s'en fût loin, très loin.
Aveuglé et tétanisé par la douleur, Gros Billou ne pût ni apercevoir et encore moins éviter le tambour qui vint se fracasser sur son crâne.


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C'est par une belle matinée d'été que Pierrette perdit son gros matou, sa raison de vivre et sa bonne humeur habituelle... dans des conditions dramatiques et traumatisantes pour une telle âme, sentimentale et fragile.
Quelque chose céda alors dans son cerveau. Quelque chose comme un bouchon qui permettrait à la raison de ne pas s'échapper par les oreilles.

Dès lors et ravagée par l'horreur, Pierrette se jura vengeance envers quiconque lui présenterait un instrument de musique.
D'abord, les affaiblir d'une cécité Majeure puis les abattre, comme ils assassinèrent Gros Billou.

Ce n'est que lorsqu'elle aurait exterminé la terre de ce fléau que Pierrette (nom d'emprûnt) trouverait enfin le repos de l'âme.

Pour le moment, elle guette, elle furète, elle épie, elle répertorie, attendant patiemment son heure.
[…]Vint à sa rencontre, un homme possédé d'un esprit impur,
[…]Et Jésus lui demanda : " Quel est ton nom? "
Et le démon lui dit : " Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. "


Evangile selon Saint Marc, chapitre 5, verset 9.

Le Mal triomphe par l'inaction des gens de Bien - Edmund Burke
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