[BG]Ealee

L'histoire d'Amtenaël
Atherlad
Dieu
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Le mourrant serra sa tête contre son torse, et le serrant contre lui, lui chuchota :

« N’oublie jamais…

Qui tu es….

Car tu te bats pour ta terre…
Tu te bats pour ta patrie…
Tu te bats pour ton peuple…
Tu te bats pour notre honneur…
Tu te bats pour notre gloire…
Tu te bats pour Vaësha…
Tu te bats pour la lumière…
Tu te bats pour l’espoir…
Tu te bats pour le courage…
Tu te bats pour une cause…
Tu te bats pour une morale de vie…
Tu te bats pour tes frères…
Tu te bats pour nos familles…
Tu te bats pour nos femmes, et pour nos enfants…
Tu te bats pour protéger nos maisons…
Tu te bats pour protéger ce qui est juste…
Tu te bats pour ce qui est juste, et bon en ce monde…
Tu te bats… pour Enalë… »


Et en un dernier souffle… il lâcha prise, s’assit sur le trône, et ferma les yeux…

« Je n’oublierai pas… mon père, mon maître, mon roi… »

Ealëe se releva, fit demi tour… et s’en alla… sans se retourner…
Et la mort fit son œuvre… et quand le feu ravageait sa patrie, et qu’un seigneur disparaissait…
Un nouveau se levait, et une page était tournée…

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Ealëe se réveilla, un rêve… les dernières heures d’une vie bien lointaine aujourd’hui… Et il se rendormit.

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Cela faisait plus de deux années que le navire était parti du port d’Arabë. Les vagues et l’eau salée avaient remplacées les terres, la brise marine avait remplacée le vent des montagnes. Le bruissement des arbres n’était déjà plus qu’un souvenir. Dans le cœur de ces exilés il n’y avait plus que douleur et tristesse. Parfois l’un d’eux se risquait une vieille chanson au bonheur lointain… mais bientôt elle sombrait elle aussi… au fond des abîmes de leurs noires pensées. Rien ne pouvait plus les ranimer, ils ne dormaient que peu, ne mangeaient plus et ne buvaient que quelques gorgées par jour. Leur corps se mourrait et on vit bientôt leur os sous leurs vêtements mouillés et plein de sel. Ils étaient sales, leurs cheveux durs comme la pierre et leur peau recouverte de graisse et de crasse. Et leurs yeux… ne reflétaient plus que l’attente… l’attente de la mort.
Chaque jour, on pouvait dénombrer de nouveaux décès, ou des victimes de la gangrène. Les rats dévoraient les réserves qui étaient déjà moindres et les voiles déchirées claquaient parfois dans le ciel de brumes. Les gréements émettaient des bruis de métaux rouillés tandis que cette épave avançait dans les ténèbres. Les dernières bougies s’étaient éteintes, et plus aucun mot ne sortait de la bouche de ces occupants martyrs. Le silence total… pour un défilé funèbre.
Puis il y eu un grand craquement, un choc, le navire avait percuté un récif. Les mats commençaient à chuter et l’eau à atteindre les différents ponts. Ils chaviraient… pourtant, nul ne réagissait… tous, attendaient.

Le rêve avait duré toute la nuit, il s’était réveillé en sursaut, réveillant un écureuil qui somnolait près de lui. Ealëe s’était réveillé sur une plage inconnue de cela une dizaine de jours. Et encore ce même cauchemar qui hantait son sommeil. Deux ans, deux ans qu’il avait dû quitter Enalë. Avec les autres, il avait pris un bateau et avait pris une direction au hasard afin de fuir l’horreur qui s’était étendue sur leur patrie. Quelle malchance les avaient fait prendre la direction de la mer des tourments ? Pourquoi le sud ? Quelle malédiction s’acharnait donc sur son peuple. Et aujourd’hui il était seul, sans doute l’unique survivant de cette civilisation qui aurait pu tant améliorer le monde.
Il avait vu sa terre être engloutie, son père mourir et ses oncles bien pires… Ses compatriotes fuir et tant souffrir. Il avait vu leur immortalité les quitter… Mais il était de ceux qui regardent toujours de l’avant. Et il avait encore espoir, l’espoir de revoir le bonheur.


Il se releva s’appuyant sur un arbre proche. Il possédait une assez large carrure, mais restait assez fin et agile… ses traits étaient durs bien creusés, témoignant d’une vie difficile. Ses cheveux en bataille offraient de nombreuses mèches au vent, qui les faisait souvent atterrir sur son front lisse. Sa taille était importante, et ses mains avaient des doigts fins et sa peau était assez blanche.
Il était habillé d’un long manteau de tissu noir, ainsi que d’une tunique de voyage cachant une cotte de maille en dessous. Un bouclier gravé d’un emblème représentant une étoile radiée était accroché à son dos, et une large épée gravée pendait à son ceinturon. Seule une bague ornée d’un émeraude argent témoignait d’une certaine noblesse. Ses bottes de cuir rafistolées lui servaient bien, car son pas était rapide et déterminé, sur ses chemins rocheux et pentus.

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Quand le soleil toucha à son crépuscule, Ealëe avait déjà traversé une grande partie de la forêt. Un village s’étendait sous la colline sur laquelle il se trouvait, et comptait bien y passer la nuit. Ardente jeunesse qu’aurait dit son maître, car entrer dans une auberge sans présenter ses respects au seigneur des lieux est bien impoli. Pourtant, les habitants n’avaient pas l’air de le remarquer… et il se douta alors, que les coutumes n’étaient pas les mêmes ici.
Ainsi il passa la nuit dans ce lit plein de puces, et se demanda dans quel pays il était tombé.

Il se leva à l’aube, prenant ses affaires et s’en allant rapidement avant le réveil des clients. Une pluie battante tombait sur la région, et il était déjà trempé en arrivant à l’écurie. Rabattant sa capuche sur son visage, il monta sur le cheval qu’il venait d’acheter, il ne serait sans doute pas aussi bon que le sien… mais tampis… il ne pouvait faire autrement.

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Les gardes traversaient les rues par patrouilles de vingtaines, leurs bottes d’acier claquaient sur les dalles de marbres dans les rues. Le cliquetis des lances et des épées tintant sur les armures accompagné des aboiements des officiers qui criaient des ordres aux soldats le réveilla. Il se leva et s’habilla, prit son épée et alla vers la fenêtre. Du haut du premier étage de la maison il pouvait voir les gardes impériaux regroupés devant plusieurs maisons. Puis soudain, les portes furent défoncées, ils entrèrent tous armés dans les habitations endormies. Les cris retentirent bientôt, le son de la chair tranchée et du sang giclant parvint à ses oreilles. De nombreux cadavres jonchèrent bientôt les rues, le sang avait envahis le quartier entier… La bannière noire flottait au dessus du massacre…

Ealëe se réveilla en sursaut, il referma un moment les yeux… quelques larmes lui coulèrent sur les joues. Nombreuses furent les pénitences pour ce crime, mais… pourraient-ils un jour être pardonnés pour leur orgueil ?

Le guerrier se releva, et partit sans plus de cérémonies sur son cheval.


Il y avait un grand arbre au milieu d’une cour de marbre. Des colonnes encerclaient la salle à ciel ouvert. Seul la palais surplombait les lieux, celui-ci était noir de suie… le rempart était troué de brèche, lui autrefois si majestueux de ses 3 lignes. Les différents bâtiments étaient soit détruit soit en flammes. Les cadavres jonchaient les rues : soldats, civils, créatures diverses. Les portes étaient défoncées, les cris de ces monstres résonnaient partout dans la cité.
Et l’arbre était en feu…


Il se réveilla, il s’était assoupi sur son destrier durant le galop dans cette plaine plate. Il voulait y croire, il reverrait la gloire d’Enalë !

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La vision qu’il avait eu dans les ruines du temple le jour d’avant lui revint. Avaient-ils donc tant pêchés que de devoir faire tant de sacrifice et de tant devoir s’abaisser pour se sauver ? Non, ce n’était ni déshonneur ni peine que de servir leur mère et leur patrie. On allait se souvenir de lui, il allait replacer Enalë dans la gloire des premières heures !
L’orgueil avait obligé Vaësha à envoyer les anges de Jin pour les détruire, pourtant Jin n’était pas un ennemi, et si nous avions survécu, ce n’était que par accident ou pitié ? Oui, le monde devait être détruit, pour tout recommencer à zéro avec les leçons du passé ! Comment avons-nous pu combattre notre mère par son propre aîné et par ses envoyés ? Que nous a-t-il prit de nous croire supérieurs à nos aînés ?
Le monde, les mortels, tout devant être purifié dans les flammes… Et tout serait reconstruit…

Ainsi Enalë pourrait reprendre sa place maîtresse dans un monde en paix, reflet de la beauté de Vaësha. Tous les défauts de l’actuels auront disparu, l’aube d’un nouveau monde ! Tout serait purifié !
Et si il faut pactiser avec les forces de Jin, soit ! Car tous nous sommes serviteurs de Vaësha, et qu’importe les souffrances nous la suivront jusqu’au bout !

« Gloire à Vaësha ! Gloire à Enalë ! »
Le problème avec les rêves, c'est qu'ils sont faits pour être rêvés. [Coluche]
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