« Ahyli, attends ! »
La femme vêtue de rouge se retourna vers son amie.
« Qui a-t-il ? Mais qu’est-ce que c’est ? »
Elle lui tendit un petit livre bleu.
« Ce n’est pas a toi ? Je viens de le trouver. »
« Oh…Sûrement »
Elle lui donna la petit manuscrit et quittèrent toutes deux la taverne. Arrivées dehors, la femme habillée en noir disparut soudainement.
« A bientôt » murmura Ahyli
Se dirigeant vers une forêt à l’abri du bruit et des regards, Ahyli s’assit contre un arbre et pensa à ce qu’elle allait faire cette nuit. Elle n’avait pas envi de dormir, ni de chasser, ni de parler…rien. Soudain elle pensa à la soirée qu’elle venait de passer, tout ce qu’elle a dit a son amie. Elle se rappela que celle-ci lui avait donné un livre, elle le prit et remarque qu’il ne lui appartenait pas. Curieuse, Ahyli commença à lire.
L’écriture du livre était d'or, fine et légère. A première vue, il avait été rédigé par une femme. Elle commença à lire la première page.
Le premier Cori de CHARDOTH
Le premier jour de l’été, aussi le jour de ma naissance, je me promène dans la forêt. Je suis seul, je crois que j’ai toujours été seul depuis le premier jour de ma vie. Je suis encore jeune et je veux connaître et consacrer tout mon temps à comprendre la Nature, la Flore et la Faune. Aujourd’hui j’ai un an de plus, cela me fait … 70 ans du moins je crois.
Ahyli leva le nez du livre et relu à haute voie.
« Je suis encore jeune … cela me fait 70 ans. 70 ans ? Encore jeune ? »
Elle ne compris pas tout de suite et continua sa lecture.
De retour dans mon village, toutes les femmes me sourient. Je me sentais bien. Je rentra chez moi et commença à préparer ma soirée. Je me revoie encore plus jeune, quand je n’étais pas haut et que j’étais insouciant. J’ai passé toute mon enfance dans la forêt d’Hibernia, les anciens nous ordonnaient de ne pas sortir du Royaume. Soudain l’esprit d’aventure m’envahie. Toute mon enfance j’avais rêvé de découvrir cette terre, les autres races. J’avais beaucoup entendu des histoires sur les nains, d’horrible petit homme sans manière, toujours entrain d’hurler et le raffinement n’était pas leur fort …sur les kolbolds, encore plus petits que les nains, solidaires…et bien d'autres encore.
Le premier Sauvadi de CHARDOTH
Tous c’était bien passé, les chants, les danses, le repas. Encore plusieurs jours après on me félicitait de cette belle soirée. J’avais été heureux, fier de moi le temps d’une journée, d’une nuit mais maintenant tout était fini et redeviendrait normal dans quelques jours.
Ahyli continua de lire quelques pages, les jours défilèrent et elle apprit beaucoup de choses sur les elfes : leur façon de vivre, leur sagesse, leurs mœurs… L’elfe Elward continuait de raconter sa vie. Plusieurs mois passèrent, elle tournait les pages encore et encore jusqu’à ce qu’elle arrive à l’une d’entre elle où l’écriture était moins légère. A la simple vue de cette page, elle comprit que l’Elfe était en peine.
Le second Madradi de VAHNGALOTH
Elle est belle. Même toutes les beautés de la forêt ne l’égale pas.
Quand je la regarde, je vois le monde dans ses yeux.
Quand je touche sa peau, j’ai l’impression d’être dans un autre monde.
Quand je sens le parfum de ses cheveux, je ne sais plus où je suis.
Elle m’obsède …
Ahyli intriguée de savoir qui était la femme dont il parlait, elle remonta dans le temps en tournant les pages du livre bleu jusqu’à être arrivée à leur première rencontre.
Le premier Vahndi de MADROTH
La journée commençait comme à son habitude dans le calme et la beauté de la nature. Ce jour là j’étais loin d’imaginer qui j’allais rencontrer.
Pour oublier toutes les dernières guerres, je me promenais dans la forêt. J’avais l’impression d’être observer mais pas par une personne qui me voulait du mal. Je sentais un parfum venir aux creux de mes narines. J’avais l’intuition qu’il allait se produire un évènement dont j’allais me rappeler durant toute ma vie.
Je continuais à marcher avec la même impression. Soudain, un loup menaçait une jeune femme. Elle était à moitié couchée sur le sol essayant de repousser la bête avec un bâton.
« Arrière ! »
Quelques minutes plus tard, le loup était sur le sol mort. Je tendis ma main à la jeune femme, elle se releva.
« Je…Je vous remercie…je n’ai rien pu faire. »
Elle secouait sa cape et je ne pu voir son visage. Elle releva la tête et là…Ses yeux brillants pénétrèrent dans les miens. Je ne pouvais plus bouger, comme paralysé. Je sentais sa main entre les miennes, sa peau douce comme la soi. Elle enleva sa capuche et je m’aperçu qu’elle était, elle aussi, un Elfe.
« Je me nomme Alinia »
Je ne pouvais pas parler, je continuais de la fixer du regard et impossible de faire un seul geste. Elle me sourie, ses lèvres étaient fines, si belles…
« Vous vous sentiez bien ? »
Je barbouilla jusqu'à que j’arrive à dire un mot : « Oui »
Toute attendrie par mon attitude, elle rigola discrètement.
« Pardonnez moi…je dois partir »
Elle me déposa une doux baiser sur mes lèvres et partie en courant en remettant sa capuche. Les minutes passaient et je la voyais de moins en moins jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
Le second Tanidi de MADROTH
Trois jours viennent de passer. Je ne sais plus quoi faire, plus quoi penser. Je revois la scène dans ma tête. Je revois son doux visage…sa peau de soi…ses yeux éclatants. Trois jours que je n’arrive pas à penser a autre chose, à quelqu’un d’autre. J’étais ailleurs. Je le revois, encore et encore, chacune des secondes, chacune des minutes, tous les jours, toutes les nuit. Je ne peux pas m’arrêter. Je ne savais qu’une seule chose d’elle et je n’arriverais pas à passer une autre journée sans la voir.
J’ai alors décidé de retourner sur les lieux de notre rencontre. Il n’y avait personne, le soleil se couchait pour laisser place à la lune. Les heures passaient et le calme régnait. Mes yeux se fermèrent.
Le second Hedradi de MADROTH
Je me réveillai sur l’herbe sous un arbre. Il n’y avait toujours personne, j’avais passé ma nuit à rêver d’elle. Je me levai, je erra toute la matinée entre les arbres immenses. Au loin, sur une pierre, je vis l’ombre d’une personne assise. Je m’approchai doucement et une branche craqua sous mon pied et d’un coup … trou noir…
« Réveille toi ! »
Je reconnus directement la voix, c’était elle. J’ouvris un œil.
« Tu te sens bien ? Je suis navrée, je ne t’avais pas reconnu. Je … »
« Que s’est il passé ? Cette boulle noire, c’était quoi ? »
« Je pensais que tu allais m’agresser, je ne t’avais pas reconnu »
« Ce n’est rien…j’arriverais à supporter une éraflure »
Elle m’avait touché au bras, il était en sang. Elle fit un sourire gêné en me soignant en me répétant qu’elle était désolée. Elle m’entoura de sa cape et je lui montrai le chemin pour revenir chez moi.
Enfin arrivés, elle me coucha sur mon lit et me prépara à manger.
« Merci de ton aide »
« Sans moi, tu n’aurais rien eu ! Qu’est-ce que je m’en veux »
En prononçant ses mots, elle mit son visage dans ses mains et commença à pleurer.
« Ne pleure pas, ça te rend encore plus belle, je vais plus pouvoir parler après, ni te consoler »
A ses mots, aussi sincères que vrais, elle sourie légèrement en me regardant.
« C’est pour çà que tu étais si étrange »
Elle me tendit un bol avec du pain elfique. On passa toute la soirée à parler, elle me raconta sa vie, qu’elle avait toujours vécu seule. Sur le coup j’ai été étonné, mais en y réfléchissant la première fois que je l’avais rencontré, la première fois qu’elle m’avait vu, c’est comme si elle était surprise de voir un autre elfe. Je l’aime comme elle est, simple et belle.
Le troisième Belsadi de VAHNGALOTH
Deux mois était passés, deux mois avec elle. L’été se terminait. Elle avait énormément changé, avant dans son regard on pouvait voir la peur quand on s’éloignait, maintenant elle était sûr d’elle. J’ai l’impression que je ne lui sers plus à rien. Je ne sais plus si elle m’aime…si elle m’a aimé…Elle vient de moins en moins me voir. Je ne sais pas comment réagir, quand elle est là je me sens bien et quand elle n’est pas là je voudrais mourir. En son absence je suis dans un état d’angoisse…comme maintenant…je ne sais plus…
L’écriture devenait de moins en moins lisible. On pouvait sentir le mal qui le possédait à travers son écriture. Ahyli remarqua que cette page là était gondolée sûrement du à des larmes…
