Swift

[_Swift_]

Abandonnée une sombre nuit sur la place du village d’Albion, Swift fut trouvée à l’aube par un marchand du village : Illario le coutelier.
Bien que ce bon geste puisse le faire passer pour une bonne âme, Illario était surtout intéressé par cette opportunité de main d’œuvre gratuite.
Très jeune Swift fut mise au travail, sa petite taille et ses main fines la condamnai aux travaux les plus périlleux (entrer en rampant des les cuves d’acides pour les récurer entre deux usages, polir les lames des dagues et couteaux à main nues…) et Illario veillait à ce qu’elle les effectuent avec zèle quitte à la rosser régulièrement pour lui rappeler à qui elle devait la vie.
Un soir, alors qu’elle avait travaillé durement toute la journée, elle vit Illario entrer dans l’atelier fou de rage et poussant de hauts cris. Il l’accusât d’avoir laissé une lame damasquinée de grand prix trop longtemps dans un bain d’acide, ruinant ainsi le travail de l’artisan. Swift savait bien qu’elle n’était pas responsable et que l’artisan cherchait juste un bouc émissaire pour oublier sa propre maladresse.
Alors que les coups pleuvaient de plus en plus fort sur elle, Swift senti que la rage et la haine qu’elle accumulait depuis des années à l’égard de ce triste sire arrivaient à un point de rupture ; toujours suivie par l’artisan elle rampa vers une table et se saisit d’un couteau en cours de réalisation. Prenant son courage à deux mains elle fit face à son bourreau et dans un geste désespéré et lui planta sa lame émoussée dans la gorge.
Elle tomba à genoux quand la portée de son geste lui tomba sur les épaules comme une chape de plomb, mais petit à petit elle se rendit compte qu’elle craignait les conséquences de son acte mais ne ressentais aucun remord. Un cri strident la tira de son introspection alors que la femme d’Illario entrait dans l’atelier découvrant son mari mort couché à coté de l’apprentie couverte de sang. Aussi surprise et inquiète que la femme, Swift s’enfuie de l’atelier en sautant par la fenêtre.
Elle courut se réfugier dans les bois, pensant y trouver refuge, mais elle savait qu’elle avait été vue et que demain les hommes de la garde du village feraient des battues dans les bois pour la retrouver. En effet l’artisan, bien que sans cœur, était renommé dans la région et sa présence au village y attirait de nombreux et riches marchands dont tout le village profitait.
Seule, isolée dans ces bois qu’elle connaît à peine, alors que la nuit est déjà avancée, Swift réalise que pour le moment seule la femme de l’artisan connaît son forfait et qu’il en serait encore ainsi jusqu’au levé du soleil, car cette femme peureuse ne sortirait jamais de chez elle en pleine nuit même si sa vie en dépendait …
Revenant vers la maison de l’artisan, Swift vit que la fenêtre de l’atelier était toujours ouverte. Profitant de sa taille fluette elle escalada le pied de vigne vierge qui courait sur la façade afin d’atteindre cet accès improvisé. Dans l’atelier est se saisit de deux des plus belles dagues de l’artisan en se disant que cela compenserait à peine les années de soumission et de maltraitance qu’elle avait subit.
Observant dans l’obscurité le reflet de la lune sur ses lames elle se dit qu’il était temps de les étrenner … A pas légers elle s’introduit dans la chambre du ménage et fit prestement disparaître le seul témoin.

<à suivre peut être>