Albion était en effervescence, c’était jour de marché.
« Hé la ! T’aurai pas quelques sous l’ami ? Cria un ivrogne. »
L’homme fut projeté sur les pavés graisseux par une étrange silhouette, une femme sans aucun doute.
On discernait dans son sombre regard comme une lueur qui la maintenait en vie. Une lueur vive, froide, animale. Le visage tendu par une excitation surnaturel cachant les restants d’une beauté naturelle exprimait un sentiment continu de haine.
La jeune sarrasine arrivait en ville vêtue d’une simple armure dangereusement cloutée et d’un effroyable fouet a la ceinture.
Son noir passé expliquait la sombre aura qui s’échappait d’elle :
Née dans une famille pauvre qui la brutalisait, elle apprit vite à se débrouiller.
Ce ne fut qu’une fois le village effondré et la populace anéantie devant les armés midgariennes qu’elle sentit son premier sentiment de joie …. Certainement le dernier.
Fuyant la haine et la violence elle erra de ville en ville, vêtue de quelques haillons et traînant dans les quartiers louches et les égouts.
Ce fut a l’age de neuf ans qu’elle tua son premier homme, cet être humain lui semblait si différent d’elle, son sang était chaud alors qu’elle était continuellement frigorifié. Elle laissa la dépouille dans un caniveau en emportant tout ce que l’on peut prendre sur un homme a terre. Elle vécu ainsi de nombreux mois, plusieurs années, le temps n’avait plus aucune valeur pour elle.
Ce fut par une nuit sans lune que le majeur changement de sa vie fut réalisé:
L’Homme était vêtu d’une sombre cape noire, d’où l’on apercevait deux étranges lueurs jaunâtres par la fermeture du vêtement.
En temps normal elle ne l’aurait jamais attaqué, mais l’hiver était rude et la faim la tenait depuis plusieurs jours.
Alors qu’elle s’élançait pour trancher le premier morceau de chair à sa portée, l’homme se retourna et la projeta violement sur le pavé. La main qui l’avait poussée n’était pas humaine….
L’os était visible sans pour autant caché les restants de chairs qui pendaient tout autours. Cette main ressemblait à celle des cadavres qu’elle retrouvait dans certains égouts.
Ce ne fut que trop tard qu’elle appris le nom de l’incroyable « chose » avec laquel elle avait eu affaire car cette « chose » ou plutôt le sombre nécromant Arawn l’avait déjà envoûté et séduit. Il l’avait confronté à la mort dans une expérience hors de toute éthique humaine et l’avait conduit dans sa sombre cité, ou son entraînement fut rude…
Un homme l’observait, certainement un garde. Elle lui décocha un sombre sourire puis s’engouffra dans la ruelle pleine de monde.
Elle savait parfaitement ce qu’elle faisait dans ce minable village, elle s’en rappelait … ce jour, ce jour ou elle avait accompli la satisfaction de son maître :
Leurs corps lézardés de fines et effroyable blessures, telles des ruisseaux de sang, gisaient à ses pieds. Dans un instant de pure folie et de rage elle avait massacrée les autres apprentis de sa chambré, cela lui avait valu le statut de Fléau au service de son adoré et fabuleux maître nécromant. Arawn avait façonné sa vie, elle lui était à jamais reconnaissante et sa destinée lui était offerte désormais.
Le château ! Elle y était enfin. Tout en vérifiant si elle n’était point suivie, Shaen servante d’Arawn marcha vers la forteresse. Les nuages couvrirent le ciel, une odeur de mort régnait sur la ville.
Le fouet, la haine, le sang sera désormais sa voie. Bonté, lumière, joie … tout cela n’avait plus aucun sens, seul importait sa mission au confins des terres d’ Amtenael où son objectif connu d’elle seule sera réalisé par la volonté du grand Arawn !
